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Qu’est-ce que le cycle de vie d’un produit ?

Le cycle de vie : un outil indispensable pour évaluer l'impact environnemental et social d'un produit de sa conception à sa fin de vie.

Concept clé du développement durable, le cycle de vie permet d’expliciter la multiplicité des impacts générés par un produit ou un service, de sa conception à sa disparition. Son analyse ouvre la voie à des mesures et des ajustements qui favoriseront la protection de l’environnement, des ressources naturelles, mais aussi des liens qui unissent les humains.

Il n’y a pas que les êtres vivants qui naissent, vivent et meurent. Tout ce que nous produisons connait, en réalité, le même sort. Un sort sur lequel nous pouvons agir. Tel est, en résumé, le postulat de la pensée « cycle de vie », l’un des outils les plus fondamentaux du développement durable.
De la basket à nos pieds au café siroté au bureau, du smartphone dans notre poche aux applis qui le font fonctionner… le concept de cycle de vie propose de considérer les biens et services que nous consommons comme des processus, dotés d’un début et d’une fin, et générateurs d’impacts divers et variés à chacune des étapes de leur existence.

Conçu à la fois comme un instrument de diagnostic et de performance, le cycle de vie permet dès lors de porter un regard plus aigu sur nos modes de vie et leurs conséquences environnementales, économiques et sociales. Avec, évidemment, un objectif bien identifié : limiter au maximum les effets négatifs.

Quelles sont les principales phases du cycle de vie d’un produit ?

Le nombre et le contenu des étapes du cycle de vie d’un produit varient selon le produit analysé, bien sûr, mais aussi selon le degré de précision désiré : on pourrait en effet, en repoussant les limites de l’exercice, détailler le cycle de vie en des dizaines voire des centaines d’étapes et de sous-étapes.

Cependant, on retiendra ici sept grandes phases génériques du cycle de vie d’un produit :
1. La conception, phase durant laquelle on imagine et met au point le futur produit. Celui-ci existe alors sous la forme d’une idée, que des cerveaux développent et modélisent.

2. L’extraction de la matière première, durant laquelle on ôte du sol et du sous-sol les ressources naturelles nécessaires à la fabrication du futur produit : le pétrole qui formera du plastique, le lithium une batterie, le coton du tissu, le fer une pièce de métal, le bois une planche, etc.

3. La fabrication, durant laquelle les différentes pièces sont assemblées, le produit fini, et emballé.

4. Le transport vers le lieu de vente, au cours duquel le produit peut parcourir des centaines, voire des milliers de kilomètres (en train, en camion, avion, bateau, etc.).

5. Le stockage et la commercialisation, au terme desquels le produit est vendu et acheté.

6. L’utilisation, qui peut durer 3 minutes (un café) ou toute une vie (un meuble). Cette phase peut d’ailleurs se prolonger d’un consommateur à un autre, via le troc, le don, la revente et le réemploi.

7. La fin de vie, qui signifie la disparition du produit dans sa forme initiale. Si c’est un objet, il terminera sa vie au recyclage ou, s’il est jugé non valorisable, partira à la décharge, à l’enfouissement ou à l’incinération.

La description du cycle de vie est sujette à variations. Ainsi, il est parfois résumé en trois grandes phases : la naissance, la vie et la mort du produit. Chacune de ces étapes possédant des caractéristiques qui influencent significativement l'impact environnemental et social du produit.


La naissance du (nouveau) produit
Cette première phase regroupe tout le processus de conception, extraction des matières premières, production, mise sur le marché et distribution. Une gestion optimisée de cette phase peut considérablement réduire les empreintes écologiques initiales du produit. En intégrant des pratiques d'éco-conception, les entreprises peuvent limiter l'impact environnemental dès le début du cycle de vie du produit.

La vie du produit
Correspondant à la période d'utilisation par le consommateur, cette étape est cruciale pour évaluer la durabilité et l'efficacité du produit. Les efforts pour prolonger la durée de vie du produit, par des moyens tels que l'amélioration de la réparabilité et la réduction de la consommation énergétique, sont essentiels pour minimiser les impacts écologiques durant cette phase.

La mort du produit
La fin de vie du produit inclut les processus de recyclage et d'élimination. Une stratégie efficace de gestion de fin de vie, favorisant le recyclage et la réutilisation, peut diminuer significativement les déchets et leur toxicité environnementale.

En envisageant une approche plus détaillée, on pourrait également prendre en compte le cycle de vie des équipements utilisés lors de la fabrication du produit. Cette analyse approfondie permettrait d'identifier et de minimiser les impacts secondaires liés aux procédés de production, offrant ainsi une vue complète des implications écologiques et sociales du produit.

Analyser le cycle de vie d’un produit : une démarche de durabilité

Une fois établi précisément le cycle de vie d’un produit, reste à effectuer la tâche sans doute la plus décisive : son analyse. On parle, en anglais, de Life-cycle assessment (LCA) ; ou, en français, d’Analyse du cycle de vie (ACV). Cette démarche, née et formalisée à partir des années 1990 dans un contexte de montée en puissance des enjeux écologiques et climatiques, est aujourd’hui la principale méthode d’évaluation des impacts environnementaux liés à la production des biens et services.

L’analyse du cycle de vie, nous dit davantage l’ADEME, « recense et quantifie, tout au long de la vie des produits, les flux physiques de matière et d’énergie associés aux activités humaines. »
Il s’agit donc bel et bien de traquer les impacts environnementaux dans toute leur diversité ; et ce de la naissance à la mort du produit. On parle aussi d’ailleurs d’une analyse « du berceau à la tombe ». Il y a les flux entrants : consommation d’eau, de pétrole, de gaz, de bois, de minerai, d’électricité, etc. Et les flux sortants : émissions de gaz à effet de serre (GES), rejets de liquides, de matières synthétiques, de substances nocives, etc.

L’ACV est considérée comme une aide à la décision pour les acteurs des secteurs productifs. Ses résultats doivent en effet permettre des mesures d’atténuation ou d’élimination des impacts négatifs liés à leurs activités. Une fois les principales pressions environnementales identifiées, les options sont multiples : décarboner le plan de transport des marchandises ; repenser la conception du produit pour augmenter sa réparabilité ou sa recyclabilité (la fameuse écoconception) ; augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de l’usine de production ou de l’entrepôt de stockage ; changer de matériaux, etc.

À noter ici que l’analyse du cycle de vie, initialement conçue à des fins purement environnementales, tend de plus en plus à s’appliquer aux deux autres grands piliers du développement durable : les enjeux sociaux et économiques.

Il s’agit alors d’évaluer les impacts du produit, durant sa vie, via des critères qualitatifs tels que les conditions de travail, la sécurité ou la santé des travailleurs et des usagers ; la qualité des emplois créés et leur durabilité ; l’utilité réelle du produit et son rapport qualité/prix ; ou encore la justesse des rémunérations induite par sa production, son transport, etc.

Qu’est-ce que le cycle de vie d’un produit ?

Zoom sur l'éco-conception d'un produit

L'éco-conception représente une approche de conception de produits qui prend en compte les enjeux environnementaux dès les premières phases de développement et tout au long du cycle de vie du produit. L'objectif principal est de minimiser l'impact écologique tout en conservant l'efficacité et la fonctionnalité du produit.

Les principes de l'éco-conception peuvent inclure l'utilisation de matériaux recyclables ou renouvelables, la réduction de la consommation d'énergie durant la production et l'utilisation, la diminution des déchets générés ou encore l’optimisation logistique pour réduire les émissions de CO2 liées au transport.

Depuis 2020, DECATHLON s’est fortement mobilisé afin d’accélérer l’écoconception de ses produits. Plusieurs appels à projets lancés au cours de ces quatre dernières années ont permis de réaliser des investissements pour déployer des technologies et explorer de nouvelles solutions de conception (réparabilité, durabilité, etc.). Ces investissements ont fortement contribué à l’augmentation du chiffre d’affaires réalisé avec des produits bénéficiant d’une démarche d’écoconception. Celui-ci a été multiplié par 3,7 depuis 2021 pour atteindre 38,8 % du chiffre d’affaires global en 2023 (vs 10,4 % en 2021).

Comment se déroule concrètement une ACV ?

L’analyse du cycle de vie est une démarche codifiée et normalisée. La méthode est d’ailleurs régie par l’Organisation internationale de normalisation (ISO).
Elle se déploie en quatre phases :

1. La définition des objectifs.
Il s’agit notamment de choisir ce que les spécialistes nomment l’« unité fonctionnelle » (UF), sorte d’étalon qui permettra de comparer les produits et leurs impacts. On s’appuiera en particulier trois critères : la durée de vie du produit, la quantité consommée et la fréquence de consommation. Un exemple d’unité fonctionnelle : la consommation mensuelle d’eau en bouteille par 1 000 personnes ; ou l’emploi d’une paire de chaussure de sport une fois par semaine pendant deux ans.

2. L’inventaire.
Il consiste à lister et à quantifier tous les flux de matière et d’énergie, entrants et sortants, tout au long du cycle de vie du produit. L’inventaire nécessite de recourir à de très solides et copieuses bases de données.

3. L’évaluation des impacts.
On mesure ici les effets environnementaux et sociaux des flux inventoriés à l'étape précédente. C’est le cœur de l’analyse, qui révèle les impacts les plus saillants, sur lesquels on devra donc prioritairement agir. Pour se faire une idée des impacts que l’ACV va évaluer, on peut s’appuyer sur la liste établie par la Commission européenne.

Celle-ci retient 14 grandes catégories d’impacts :
- changement climatique,
- destruction de l’ozone stratosphérique,
- écotoxicité pour l’eau douce,
- toxicité humaine cancérogène,
- toxicité humaine non cancérogène,
- effets respiratoires des composés inorganiques gazeux et particulaires,
- radiations ionisantes,
- formation d’agents photo-oxydants,
- acidification,
- eutrophisation terrestre,
- eutrophisation aquatique,
- utilisation des eaux,
- utilisation de ressources minérales et fossiles,
- utilisation des terres.

4. L’interprétation.
Durant cette quatrième et dernière phase, on évalue la qualité des résultats et on tire les conclusions des données collectées au fil des différentes étapes. Le but : formuler les solutions pour réduire les impacts et rationaliser économiquement le cycle de vie du produit étudié.

On l’a compris, l’analyse de cycle de vie suit un déroulé précis et standardisé. Pour cela, les entreprises se servent de bases de données et d’outils logiciels sophistiqués. Citons par exemple les logiciels OpenLCA, GaBi ou encore SimaPro. Certaines institutions publiques fournissent aussi des outils ouverts et accessibles à tous, à l’instar de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) ou de la Commission européenne.

Comment DECATHLON analyse le cycle de vie de ses produits ?

Depuis 2009, DECATHLON travaille à l’évaluation environnementale de ses produits, une démarche qui permet d’analyser leur cycle de vie complet, de l’extraction des matières premières jusqu’à leur fin de vie. Pour que le calcul soit optimal, il est indispensable d’avoir un outil efficace, des règles de calcul fiables et des bases de données représentatives. Une fois calculés, les indicateurs servent à identifier les phases du cycle de vie et les composants les plus impactants. Grâce à ces données, concepteur·trices et acheteur·teuses peuvent faire les meilleurs choix de matières, de processus et de fournisseurs.

Pour cette raison, il est important d’avoir une évaluation environnementale sur tous les produits de DECATHLON et des autres marques vendues par le groupe : c’est aujourd’hui le cas pour plus de 50 % des références de l’entreprise, représentant 97 % de son chiffre d’affaires.

Depuis 2021, DECATHLON recourt à une solution digitale spécialisée et externe dans le cadre de ses évaluations environnementales. Celle-ci utilise une base de données de référence qui s’appuie sur la méthode Product Environmental Footprint (PEF) développée sous le contrôle de la Commission européenne. Son outil permet d’obtenir un score fiable et comparable par normalisation et pondération de seize catégories d’impact (changement climatique, utilisation des ressources en eau, émissions de particules fines, etc.).

Ainsi, les calculs d’impact des produits de DECATHLON sont aujourd’hui alignés sur la méthode d’analyse du cycle de vie la plus avancée au niveau européen.

L'Analyse du Cycle de Vie (ACV) est une méthodologie complète qui évalue les impacts environnementaux associés à toutes les étapes du cycle de vie d'un produit, depuis l'extraction des matières premières jusqu'à sa fin de vie, incluant la gestion des déchets. Cette approche permet aux entreprises de comprendre en détail les conséquences écologiques de leurs produits.