Commençons par le début : PEF signifie Product Environmental Footprint. D’accord, et après ? Eh bien c’est exactement ce qu’on va vous dire…
S’il fallait résumer, on pourrait décrire la méthode PEF comme un moyen d’évaluer la performance environnementale d’un produit. Comment ça fonctionne ? À quoi ça sert ? On y vient.
Le PEF est une méthodologie développée par la Commission européenne. L’objectif est de prendre en compte l’ensemble du cycle de vie d’un produit (de l’extraction de la matière première à la fin de vie) pour en déterminer son impact global.
La question avec laquelle commencer pour s’attaquer à ce chantier : quelle fonction va remplir ce produit ? Pour un t-shirt par exemple, ce pourrait être la possibilité d’être porté 50 fois, 100 fois… À partir de là, il est possible de cadrer les étapes d’un cycle de vie. Toujours dans le cas de ce t-shirt, s’il est porté 100 fois, il sera potentiellement lavé 100 fois, ce qui nécessitera l’utilisation de lessive, d’énergie pour la machine à laver, d’eau, etc. S’il s’était agi d’un appareil électronique, c’est la consommation d’énergie lors d’un cycle de charge qui aurait été à prendre en compte…
L’Organisation Environnemental Footprint, ou OEF, sert à évaluer l’impact d’une organisation sur une période donnée. Dans ce sens, elle est plus proche du bilan carbone d’une entreprise. L’OEF est intéressante pour prendre les bonnes décisions stratégiques à l’échelle d’une organisation.
Dans les deux cas, que l'on parle du PEF ou de l'OEF, il s'agit d'évaluer l'impact environnemental sur les 16 indicateurs d'impact environnementaux de la méthode. On y trouve, en plus de l'indicateur sur le changement climatique, des indicateurs sur l'épuisement des ressources, la pollution de l'eau de l'air et d'autres encore. Ce qui permet d'avoir une vue complète sur les impacts environnementaux.
L’objectif du PEF, c’est de préciser les normes, d'homogénéiser la manière dont sont menées les analyses de cycle de vie, de préciser les règles de modélisation pour une catégorie de produit, d’appliquer des règles similaires au sein de l’Union européenne… Cet “alignement” est aussi une part importante de cette méthodologie : en se basant sur des normes de l'Organisation internationale de normalisation (ISO) acceptées dans le monde entier, par exemple les normes 14040 et 14044, elle constitue une méthode testée, éprouvée, approuvée.
La méthode a également été référencée dans les projets législatifs de la Commission européenne publiés en mars 2022.
L’intérêt du PEF est donc d’aider à prendre conscience des impacts environnementaux de ce qu’on met sur le marché. Ceci dit, établir une analyse de cycle de vie, c’est vraiment un travail d’expert : il faut connaître les outils, les normes, etc. Notre parti pris chez DECATHLON est ainsi d’accompagner les concepteurs, de les aider à faire les bons choix, de responsabiliser les responsables de l’offre… notamment en systématisant l’évaluation des produits dans le quotidien du travail des ingénieurs.
Le PEF agit ainsi comme un accélérateur : plus besoin de se poser toutes les questions depuis le début pour chaque produit, car le PEF a déjà clarifié ce qu'il est important d'évaluer et comment le faire.
Les règles générales d'évaluation d'un produit sont désormais posées par le PEF. Un travail détaillé pour préciser ces règles par type de produits (nutrition, habillement, chaussures...) est également coordonné par la commission européenne.
Les règles précises pour l'habillement et la chaussure sont toujours en cours de précision et DECATHLON participe à ce travail. Il est toutefois possible d'appliquer dès maintenant les dernières avancées du PEF et de ce travail spécifique à l'habillement et la chaussure, ce que nous faisons chez DECATHLON.
Le PEF, c’est comme une grosse calculatrice : on entre des données (par exemple, les matières premières, où sont faites les étapes de fabrication, de teinture...) et les convertit en équivalent d'impact environnemental grâce à une base de données.
Pour mettre ça en œuvre chez Decathlon, on utilise un outil externe,”Glimpact” (développé par l’entreprise Yukan). L’enjeu est ensuite plutôt informatique : il faut pouvoir le faire entrer dans le métier des ingénieurs. Concrètement, c’est l’outil des concepteurs qui a dû évoluer pour que toutes les données soient sélectionnables dans cet outil.
Tout cela, au service d’une idée : rendre toutes les équipes conscientes que la qualité des datas est primordiale pour obtenir un score PEF de qualité.
Chez DECATHLON son utilisation est triple :
1. Consolider l'impact environnemental de l'activité de DECATHLON pour piloter nos stratégies de baisse d'impact.
2. Identifier les leviers d'écoconception de nos produits.
3. Communiquer l'impact environnemental à nos clients.
Un gouvernement pourrait très bien imaginer indexer une taxe si un produit pollue davantage que la moyenne du marché.
Pour les consommateur•trices, le PEF pourrait devenir un outil de comparaison au moment de l’achat d’un produit. La méthode PEF est un moyen de faire comprendre l’impact d’un produit (et l’améliorer), pas une fin en soi.
L’ambition, c’est non seulement de clarifier les règles de calcul, mais aussi la façon dont elles sont retranscrites ensuite.
Voici pourquoi, depuis la mise en œuvre, la façon dont c’est affiché évolue. Car à la fin, il y a beaucoup d’infos partagées !
Pas vraiment : le score PEF donne un résultat. Il ne s’agit pas d’une note ABCDE, d’un “c’est bien ou c’est pas bien”, c’est un chiffre, comme peut l’être un prix par exemple.
Charge au consommateur ensuite de comparer et de voir ce qu’il trouve acceptable ou non.
Ce qui est compliqué aujourd’hui, c’est que, contrairement aux prix, les ordres de grandeurs n’existent pas, du moins pas encore.
Car dans le cadre d’un score PEF, le chiffre inclut tout le cycle de vie, contrairement à un prix qui ne va pas prendre en compte l’entretien ensuite par exemple. Un t-shirt coûtera le même prix, que vous le portiez une ou mille fois. Ici, le chiffre pourrait être différent : selon le nombre d’utilisations, l'impact n’est pas le même.
Cela fait partie des éléments qui doivent encore être cadrés, et qui vont sans doute encore évoluer.
Oui, parce qu'elle traite de questions environnementales.
La loi AGEC demande les données d’entrées (substances dangereuses, métaux précieux, provenance des teintures, des filatures…). Cette loi devrait permettre d’accélérer sur certaines données parfois difficiles à obtenir jusqu’ici (comme l’approvisionnement pour le textile). En revanche, il y a aussi des différences : le PEF ne demande pas de mesurer certains postes (comme le compostage des emballages), là où la loi AGEC a d’autres partis pris, comme l’emballage.
On parle de l’Europe, mais qu’en est-il en Asie par exemple ? Que se passe-t-il ailleurs ?
Il y a des équivalents privés de l’analyse du cycle de vie, et parfois aussi des recherches sur le sujet. Mais aujourd’hui, côté institutions, c’est la France puis l’Europe qui ont ouvert le sujet.
Le sujet est loin d’être terminé. Aujourd’hui par exemple, il y a un enjeu entre le score PEF et les limites planétaires : on peut baisser l’impact du changement climatique mais si cette baisse augmente la consommation d’eau… Comment arbitrer les enjeux ? La notion d’émissions évitées est partiellement intégrée au PEF, pourtant cette question, celle des évolutions de business model pour une économie plus circulaire, est bien un enjeu d’importance aussi. Nous n’en sommes qu’au début…