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L’empreinte carbone, quel impact sur nous et notre environnement ?

L’empreinte carbone, qu’est-ce que c’est ? Quel impact a-t-on sur elle ? Et elle sur nous ? Zoom sur son lien avec les gaz à effet de serre, le climat et son mode de calcul.

On commence par les bases : c'est quoi l’impact carbone ?

L’empreinte carbone permet de mesurer l’impact de l’activité humaine sur les gaz à effet de serre (GES). Plus particulièrement, le dioxyde de carbone, ou CO2, émis par la combustion d’énergies fossiles (charbon, pétrole) afin de produire et répondre à l’ensemble de nos besoins de consommation.

Illustration d'un homme tenant dans ses mains une plante

Que sont les gaz à effet de serre et leurs émissions ?

D’abord, l’effet de serre : c’est un mécanisme naturel. Il entretient une température permettant la vie sur la terre. Sans lui, il ferait -18 °C en moyenne sur notre planète ! Il se présente sous forme de couches de différents gaz : vapeur d’eau, dioxyde de carbone, méthane ou protoxyde d’azote. Les fameux gaz à effet de serre.

Ils absorbent une partie de l’énergie du soleil et ralentissent la déperdition de chaleur, comme dans une serre, CQFD ! Mécaniquement, plus ces gaz se concentrent dans l’atmosphère, plus il fait chaud sur notre terre.

Ce fragile équilibre est perturbé par l’activité industrielle humaine qui émet certains de ces gaz en plus grande quantité. Notamment, le dioxyde de carbone ou CO2 dont la concentration a augmenté de 47 % depuis le 18e siècle. Il serait responsable de 65 % de cet effet de serre supplémentaire d’origine humaine. Ces augmentations d’émission de gaz engendrent mécaniquement le réchauffement climatique.

À quelle hausse de température faut-il s’attendre dans les années à venir ?

Au 20e siècle, la planète s’est déjà réchauffée de 1 °C en moyenne. D’ici 2040, elle devrait encore augmenter de 0,8 °C. Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU, la température moyenne sur terre pourrait encore évoluer de 2,6 à 4,8 °C au cours du 21e siècle.

Pour mieux comprendre, Dominique Bourg, philosophe du changement climatique, compare la situation à celle de la dernière ère glaciaire. « Quand il n’y a pas d’accidents, lorsqu’on passe d’une ère glaciaire à une ère interglaciaire, la température moyenne sur terre évolue de 1 °C tous les 1000 ans. Hausse que nous avons connue en seulement 40 ans, des années 1970 à aujourd’hui ! ».

C’est pourquoi en 2015, les Accords de Paris, pris par 222 pays lors de la COP21, prévoient de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour un maintien des températures à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, d’ici à 2100. C’est un objectif ambitieux. Cependant, insuffisant pour éviter de trop grandes perturbations de notre écosystème et quand certains spécialistes prévoient ces +2 °C dès 2040.

photo d'une femme en randonnée

Quel impact l’augmentation du carbone dans l’atmosphère a-t-elle sur nos vies ?

Comme le rappelle Dominique Bourg, « une variation de température moyenne sur l’ensemble de la planète n’a rien à voir avec les variations de la météo. +2 °C en moyenne sur terre va nous donner des températures qui pourront avoisiner les 50 °C l’été en France ».

Il ne s’agit donc pas de « quelques » degrés supplémentaires permettant de passer de plus agréables vacances au nord du pays. L’augmentation de température sera en réalité bien plus forte, jusqu’à changer drastiquement les conditions de vie sur terre et même les rendre invivables par endroits.

Les répercussions de ce réchauffement de 1 °C sont déjà visibles un peu partout sur la planète

Incendies en Australie et en Californie,
- canicules au Canada,
- acidification des océans,
- submersions marines au Japon, - - record de 108 jours sans température négative au pic du Midi,
- fortes précipitations et inondations en Allemagne et en Belgique,
- biodiversité en chute libre : -60 % de vertébrés sauvages en 44 ans…

Ce changement climatique engendrera mécaniquement des déplacements de population. Il intensifiera aussi la pollution de notre air, ayant un impact direct sur notre santé à tous.

Et d’un point de vue sportif, quelles conséquences ?

Si le ski semble être le sport le plus directement menacé par le réchauffement climatique, le spectre est en réalité bien plus large. L’augmentation du niveau des océans et l’érosion des plages rendront, par exemple, le surf plus compliqué. Un sport aussi populaire et facile d’accès que le running devient tout de suite plus difficile à pratiquer lorsqu’il s’agit de courir par plus de 30 °C.
Et que dire de l’escalade sur glacier ? La mer de Glace perd 30 m de long par an ! 
L’impact du réchauffement sur la biodiversité a également des conséquences sur nos habitudes sportives : la randonnée ou encore la plongée sous-marine auront beaucoup moins d’attraits sans animaux et végétaux variés. 

photo d'une femme qui regarde son téléphone

Pourquoi mesurer son empreinte écologique ?

En faisant la liste des conséquences du réchauffement climatique, on comprend mieux pourquoi il est impératif de mesurer l’impact de l’activité humaine sur la concentration de ces gaz à effet de serre, et en particulier le CO2.

Ce bilan permet de mesurer les activités les plus polluantes et donc potentiellement de les réduire. C’est grâce à ces évaluations aussi que pays et entreprises seront en mesure de savoir si elles répondent aux ambitions de réduction qu’ils et elles se sont fixés.
La responsabilité de ce décompte incombe également à tout un chacun. L’activité industrielle n’est en réalité que le reflet de nos besoins et notre façon de consommer. Individuellement, il est également possible de calculer son empreinte carbone afin de déterminer les champs domestiques ayant le plus d’impact sur l’augmentation des émissions de GES.

Comment calculer son empreinte carbone ?

Les taux moyens d’émission de carbone chez les personnes se regroupent dans 3 catégories principales qu’on prendra en compte dans le calcul. Il s’agit d’abord du logement, (pour 27 %), puis du transport, (25 %) et enfin de l’alimentation (19 %). Le reste de l’impact carbone individuel se divise entre les autres biens et services, la santé, l’éducation, les services publics, l’équipement et l’habillement.
Pour savoir quelle est votre empreinte écologique, il existe de nombreux calculateurs gratuits comme « Foot print calculator », ou encore « Nos gestes climats » de l’Agence de la transition écologique (ADEME).

L’empreinte carbone, quel impact sur nous et notre environnement ?

Comment mesurer l’empreinte carbone ?

L’empreinte carbone, le bilan carbone s’exprime en poids, généralement kg ou tonnes de CO2 émis.
Bon à savoir : on peut calculer l’impact carbone d’une activité, d’un produit, d’une entreprise, d’un territoire ou d’une personne.
L’idée, c’est d’additionner les différentes étapes de la vie de ces entités, susceptibles d’émettre du CO2. Comme la consommation d’énergie, de ressources, les transports, les achats, ou encore les habitudes alimentaires pour les personnes physiques.

Photo d'un homme au cours d'un trail

Quelle est l’empreinte carbone moyenne d’une personne ?

Selon le calculateur de l’ADEME, en France, la moyenne d’émission de CO2 par individu et par an est de 11 tonnes. L’objectif serait de diminuer cette empreinte carbone à 2 tonnes par Français. 
Il est possible de modifier son impact dès lors que chacun réduit son utilisation de la voiture personnelle, de l’avion, sa consommation de viande rouge, ou en ne renouvelant ses équipements que si nécessaire. Pour arriver à 2 tonnes de CO2 par personne, il faut aller plus loin : rénovation thermique des bâtiments, une industrie, une agriculture et une production d’énergie moins polluantes… 

Comment calculer l’empreinte carbone d’un produit ?

Pour calculer l’empreinte carbone d’un produit, Emilie Aubry, responsable des enjeux climatiques chez DECATHLON, nous invite à observer son cycle de vie dans son ensemble :
- naissance du concept
- production des matières premières,
- production du produit,
- transport,
- distribution,
- utilisation,
- fin de vie du produit.

Si on prend l’exemple du cycle de vie d’un T-shirt, il faudra par exemple prendre en considération la consommation d’eau pour faire pousser le coton, l’énergie nécessaire pour la filature de ce coton, le tissage, sa teinture, l’assemblage du tissu, etc. Il faudra également considérer la filière qu’il emprunte au terme de son usage : incinération, recyclage, etc.
Emilie souligne qu’« en fonction des produits, il peut exister de nombreuses sous-étapes très spécifiques. Le plus compliqué est d’avoir des données auprès de fournisseurs de rang 2 et 3 ». C’est-à-dire de la part des propres sous-traitants des fabricants. C’est pourquoi, afin d’y voir plus clair, l’ADEME propose différents scénarios qui permettent aux entreprises de formuler des hypothèses d’émissions CO2 de leurs produits.
Emilie rappelle aussi que « l’enjeu ici n’est pas d’avoir les données les plus précises possibles sur l’impact environnemental, mais bien de déterminer les activités les plus émettrices en CO2 afin d’imaginer des solutions de réduction ». L’étape du calcul est donc cruciale.

Comment calculer l’empreinte carbone d’une entreprise ?

Pour les entreprises, il s’agit du même principe que pour les produits. E. Aubry précise que « dans l’idéal, on regarde l’ensemble des activités de la société : qu’il s’agisse d’émissions directes de CO2 (ou scope 1), d’achat d’énergie (ou scope 2) et des rejets indirects (celles d’un fournisseur par exemple, d’un client qui se rend dans un magasin, etc., qu’on appelle scope 3) ».
Ces 3 scopes sont en fait les périmètres sur lesquels se basent les entreprises afin de circonscrire le calcul de leurs émissions.
Bien que fortement encouragées par l’ADEME, les entreprises n’ont à ce jour aucune obligation à calculer le scope 3 et à le réduire. Alors même que ces émissions indirectes s’avèrent dans de nombreux cas le périmètre au tonnage en CO2 le plus important d’une activité. A contrario, les sociétés volontaires pour le chiffrer s’engagent en répondant à l’initiative Science Based Target, soutenue notamment par les Nations Unies, afin de limiter leur impact à 2 °C.

Afin de mieux comprendre les activités intégrées dans le calcul, prenons un exemple au hasard… DECATHLON. Voici les pans d’activité (tous scopes confondus) dont l’entreprise rend compte des émissions de CO2 :

- Production des produits
- Transport de ces produits
- Arrivée chez le client quand il s’agit d’e-commerce
- Déplacement des clients
- Déplacements des collaborateurs
- Entrepôts et magasins : déchets, énergie, construction.

Si certaines données peuvent être effectivement collectées, beaucoup vont se baser sur des hypothèses. On peut par exemple effectuer une projection autour du déplacement des clients à l’aide de questionnaires proposés à un panel représentatif.
Il existe des méthodes standards internationales de calcul comme le « Greenhouse gas protocole » qui permet notamment de calculer les émissions des sites, mais également des outils comme Resource advisor, Metrio, Pace, Glimpact, etc.

Ces outils permettent notamment de convertir une unité - kWh, L, tonne kg, etc. — en tonne d’émission CO2, en la multipliant par un facteur d’émissions. Il sera différent en fonction du pays concerné : le facteur d’émission de la Chine, qui utilise l’énergie au charbon, sera plus élevé que celui de la France qui utilise le nucléaire. Ainsi, à l’issue du calcul, les litres d’essence pour faire rouler les camions sur les routes et les kWh pour l’énergie ont été convertis en tonne de CO2.
Une fois la source principale d’émissions CO2 établie, on peut venir réduire cet impact principal.

Comment réduire l’empreinte carbone ? 

Qu’elles soient personnelles, d’un produit ou d’une entreprise, nos empreintes carbone étant calculées, nous pouvons explorer les différentes pistes pour passer à l’action. Il y a urgence, les actions mises en place aujourd’hui auront seulement un impact dans 40 ans.

Comment diminuer son empreinte carbone à titre individuel :

Si on reprend les 3 pans principaux de notre empreinte carbone, que peut-on mettre en place ?

- Le logement : pour consommer moins d’électricité et moins d’eau, on peut privilégier de l’électroménager moins gourmand lorsque celui-ci n’est plus réparable et qu’il est devenu nécessaire de le remplacer. On peut aussi réduire sa consommation électrique grâce à des ampoules LED, en débranchant ses appareils après utilisation ou en baissant un peu le chauffage. On peut même aller plus loin en rénovant son logement.
- Le transport : la voiture individuelle thermique est un facteur de pollution important. On peut utiliser le vélo, notamment pour les trajets de moins de 5 km, ou les transports en commun : train, métro, bus, voitures autopartage. Pour les grands départs, plutôt privilégier le train que l’avion. Et puis, vous pouvez revoir votre schéma de vacances en avion : partez plus longtemps, mais moins souvent.
- L’alimentation : ce qui produit beaucoup de protoxyde d’azote et donc beaucoup de GES, c’est la production de produits d’origine animale et en premier lieu la viande rouge. Vous pouvez réduire votre consommation. Le fait de manger local et de saison aussi va permettre la diminution de transport autour des produits consommés.

Que ce soit en tant que particulier ou en tant qu’entreprise, on peut également opter pour des placements financiers plus « verts ». L’idée étant d’éviter de souscrire à des produits financiers encourageant les produits fossiles, par exemple.

  • Illustration kawaii de banane, de feuille et de bouteille d'eau

    Côté produits

    Afin de diminuer l’impact carbone des produits, voici les actions de réduction à fort potentiel :
    – une vie plus longue en privilégiant la seconde main, plutôt que l’achat ou la production neuve. Donner plus d’importance à la revente d’occasions,
    – davantage de produits recyclés,
    – améliorer les techniques de production des matériaux,
    – utiliser l’énergie renouvelable en production et s’interdire de recourir au charbon,
    – fabriquer des produits moins énergivores.

  • photo d'un homme et d'une femme à la boxe

    Pour les entreprises

    En plus des actions menées sur leurs produits, les sociétés peuvent aussi agir :
    – augmenter la part de vente e-commerce pour éviter le déplacement des clients jusqu’au magasin. À condition que l’énergie demandée par les data centers et les livraisons à domicile représentent un impact carbone plus faible... pas simple :/
    – ou encore moins construire de sites neufs, mais privilégier le réemploi de sites existants.

Illustration d'une carte du monde en bleue avec des cadenas

Comment compenser son empreinte carbone ?

Compenser son empreinte CO2 signifie vouloir contrebalancer son propre impact carbone en investissant dans des projets de séquestration carbone ou œuvrant pour la réduction des émissions en général. Cela peut se traduire de la manière suivante :

- financer des projets de reforestation et de gestion durable des forêts,
- encourager les pratiques agricoles régénératrices,
investir dans des startups travaillant sur des concepts innovants permettant de capturer du CO2,
- financer le développement de puits de carbone.

Le principe de la compensation carbone

Le concept : on donne de l’argent à des organisations que l’on charge, pour nous, de planter des arbres pourvu qu’on ait un peu trop pris l’avion cet été. Il faut bien se l’avouer, la méthode consiste surtout à se déculpabiliser de ne pas changer ses habitudes. La pratique allant même jusqu’au simple achat de crédits carbone dont on ne sait pas vraiment à quoi ils seront employés. Il est alors utile de bien étudier la certification de ces crédits.
Certaines entreprises mettraient d’ailleurs beaucoup de budgets pour soutenir la reforestation, dans le déploiement de fours solaires ou encore dans la séquestration de carbone dans les sols. C’est louable, mais d’après Emilie Aubry, « la notion de compensation induit en erreur. Compenser n’existe pas. En tant qu’entreprise, de fait, on contribue. Privilégier la compensation au détriment de la réduction, c’est en réalité l’achat d’un droit à polluer. On séquestre, lorsqu’on est dans l’incapacité de réduire ».

On fait le bilan (carbone)
L’urgence consiste donc bel et bien à réduire ses émissions plutôt qu’à les compenser. C’est en tout cas ce qu’encourage la « Net zéro initiative », portée par l’ADEME et le cabinet Carbone 4. Elle a d’ailleurs fixé cet objectif comme une priorité autour duquel se sont rassemblées des entreprises volontaires et engagées pour la neutralité carbone.

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