Quelles sont les 9 limites planétaires ?
L’équipe de Johan Rockström a identifié neuf limites (ou « seuils biophysiques »). A chaque fois, les scientifiques précisent l’unité de mesure retenue et donnent la valeur précise au-delà de laquelle ils estiment qu’on basculera vers un changement radical.
Le réchauffement climatique
Il est exprimé par le taux de CO2 dans l’atmosphère [le CO2 étant le principal gaz à effet de serre d’origine humaine]. Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 350 ppm (partie par million). Il est aujourd’hui de 400 ppm. La limite est donc dépassée.
Les atteintes à l'intégrité de la biosphere
On parle ici de la biodiversité, soit l’ensemble des organismes vivants sur Terre. Elle est exprimée en nombre d’espèces éteintes chaque année. Le seuil critique est de 10 extinctions par an et par million d’espèces. Nous en sommes à 100 actuellement. La limite est donc dépassée.
Le changement d'affectation des sols
Il s’agit de la déforestation au profit de l’urbanisation ou de l’agriculture. On compare ici (en %) la surface forestière mondiale à ce qu’elle était originellement. Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 75%. Or la surface forestière est aujourd’hui tombée à 62% de ce qu’elle était. La limite est donc dépassée.
La perturbation des cycles de l'azote et du phosphore
Il s’agit de deux éléments nécessaires à l’équilibre de la vie sur Terre, mais que l’humain utilise si intensément (dans l’agriculture, en particulier) qu’ils deviennent toxiques pour l’environnement. À noter que dans certains rapports, ces deux éléments sont traités séparément : on parle alors de 10 limites planétaires.
Pour l’azote, le seuil critique fixé par les scientifiques est de 62 milliards de tonnes rejetées chaque année (Gt N/an). L’humanité génère aujourd’hui plus de 150 Gt N/an. Pour le phosphore, le seuil est de 11 millions de tonnes par an (Mt P/an). L’humanité en rejette plus de 22 Mt P/an. Dans les deux cas, la limite est donc dépassée.
L’utilisation d'eau douce
C’est la modification des cycles de l’eau douce (flux et qualité). La limite est calculée en volume d’eau prélevée par l’humain dans les eaux de surface et les eaux souterraines. Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 4 000 km3 par an. Selon une étude publiée cette année par des chercheurs suédois, ce seuil a été dépassé.
L’introduction de nouveaux polluants
Ce sont toutes les substances nouvelles créées et introduites par l’humain dans la biosphère (microplastiques, produits chimiques, etc.). Longtemps difficile à cerner, les chercheurs du Stockholm Resilience Centre ont finalement conclu, dans une étude parue en 2022, que la limite avait bel et bien été franchie.
L’acidification des océans
On compare ici la saturation de l’eau de mer en « aragonites » (du calcium) par rapport à l’ère préindustrielle. Plus cette saturation baisse, plus le danger augmente pour les écosystèmes marins. Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 80%. Nous en sommes à 84%. La limite n’est donc pas encore dépassée.
La diminution de la couche d'ozone
La couche d’ozone protège la Terre des rayonnements nocifs du soleil. On mesure son épaisseur en « UD » (unités Dobson). Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 275 UD. L’épaisseur est actuellement de 285 UD. La limite n’est donc pas encore dépassée.
La pollution des aérosols
Il s’agit de la quantité de particules en suspension dans notre atmosphère. On ne sait pas encore la mesurer précisément au niveau planétaire. Cette limite-là n’est donc pas chiffrée par les scientifiques.