Photo de sapins enneigés

Que désignent les « limites planétaires » ?

Plusieurs d’entre elles sont d’ores et déjà dépassées. Décryptage.

Des scientifiques ont chiffré un certain nombre de limites à ne pas dépasser pour que l’humanité puisse continuer à vivre durablement sur Terre.

D’où vient ce concept de « limites planétaires » ?

Le concept de limites planétaires apparaît pour la toute première fois en 2009 dans un article de la célèbre revue scientifique Nature. Ses auteurs : une équipe de 26 chercheurs, parmi lesquels de grands climatologues contemporains, réunis derrière le spécialiste suédois Johan Rockström, alors directeur du Stockholm Resilience Center.

Leur travail s’appuie sur une analyse systémique de notre planète et de ses dynamiques. Concrètement, ils étudient les interactions entre les différents systèmes qui animent la Terre : atmosphère (c’est-à-dire l’air), hydrosphère (l’eau), biosphère (les différentes formes de vie), lithosphère (les sols), etc.

Leurs conclusions sont les suivantes :
1️⃣ neuf grands processus animent et régulent le système terrestre tel qu’il existe depuis environ 10 000 ans ;
2️⃣ ces processus sont tous impactés aujourd’hui par les activités humaines ;
3️⃣ il existe pour chacun d’eux une limite d’impact au-delà de laquelle le processus ne fournira plus ses effets habituels et mènera à des dérèglements radicaux.

En schématisant, on pourrait dire que les limites planétaires sont une série de seuils critiques liés aux grands équilibres actuels sur Terre. En deçà de ces seuils, on demeure dans ce que ces scientifiques nomment « un espace de fonctionnement sécurisé pour l’humanité » (« safe operating space for humanity »). Si l’on en sort, en revanche, il faudra s’attendre au pire tant l’équilibre global sera rompu.

D’où vient ce concept de « limites planétaires » ?

Le concept de limites planétaires apparaît pour la toute première fois en 2009 dans un article de la célèbre revue scientifique Nature. Ses auteurs : une équipe de 26 chercheurs, parmi lesquels de grands climatologues contemporains, réunis derrière le spécialiste suédois Johan Rockström, alors directeur du Stockholm Resilience Center.

Leur travail s’appuie sur une analyse systémique de notre planète et de ses dynamiques. Concrètement, ils étudient les interactions entre les différents systèmes qui animent la Terre : atmosphère (c’est-à-dire l’air), hydrosphère (l’eau), biosphère (les différentes formes de vie), lithosphère (les sols), etc.

Leurs conclusions sont les suivantes :
1️⃣ neuf grands processus animent et régulent le système terrestre tel qu’il existe depuis environ 10 000 ans ;
2️⃣ ces processus sont tous impactés aujourd’hui par les activités humaines ;
3️⃣ il existe pour chacun d’eux une limite d’impact au-delà de laquelle le processus ne fournira plus ses effets habituels et mènera à des dérèglements radicaux.

En schématisant, on pourrait dire que les limites planétaires sont une série de seuils critiques liés aux grands équilibres actuels sur Terre. En deçà de ces seuils, on demeure dans ce que ces scientifiques nomment « un espace de fonctionnement sécurisé pour l’humanité » (« safe operating space for humanity »). Si l’on en sort, en revanche, il faudra s’attendre au pire tant l’équilibre global sera rompu.

Quelles sont exactement ces limites ?

L’équipe de Johan Rockström a identifié neuf limites (ou « seuils biophysiques »). A chaque fois, les scientifiques précisent l’unité de mesure retenue et donnent la valeur précise au-delà de laquelle ils estiment qu’on basculera vers un changement radical.

Le réchauffement climatique
Il est exprimé par le taux de CO2 dans l’atmosphère [le CO2 étant le principal gaz à effet de serre d’origine humaine]. Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 350 ppm (partie par million). Il est aujourd’hui de 400 ppm. La limite est donc dépassée.

Les atteintes à l'intégrité de la biosphere
On parle ici de la biodiversité, soit l’ensemble des organismes vivants sur Terre. Elle est exprimée en nombre d’espèces éteintes chaque année. Le seuil critique est de 10 extinctions par an et par million d’espèces. Nous en sommes à 100 actuellement. La limite est donc dépassée.

Le changement d'affectation des sols
Il s’agit de la déforestation au profit de l’urbanisation ou de l’agriculture. On compare ici (en %) la surface forestière mondiale à ce qu’elle était originellement. Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 75%. Or la surface forestière est aujourd’hui tombée à 62% de ce qu’elle était. La limite est donc dépassée.

La perturbation des cycles de l'azote et du phosphore
Il s’agit de deux éléments nécessaires à l’équilibre de la vie sur Terre, mais que l’humain utilise si intensément (dans l’agriculture, en particulier) qu’ils deviennent toxiques pour l’environnement. À noter que dans certains rapports, ces deux éléments sont traités séparément : on parle alors de 10 limites planétaires.

Pour l’azote, le seuil critique fixé par les scientifiques est de 62 milliards de tonnes rejetées chaque année (Gt N/an). L’humanité génère aujourd’hui plus de 150 Gt N/an. Pour le phosphore, le seuil est de 11 millions de tonnes par an (Mt P/an). L’humanité en rejette plus de 22 Mt P/an. Dans les deux cas, la limite est donc dépassée.

L’utilisation d'eau douce
C’est la modification des cycles de l’eau douce (flux et qualité). La limite est calculée en volume d’eau prélevée par l’humain dans les eaux de surface et les eaux souterraines. Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 4 000 km3 par an. Selon une étude publiée cette année par des chercheurs suédois, ce seuil a été dépassé.

L’introduction de nouveaux polluants
Ce sont toutes les substances nouvelles créées et introduites par l’humain dans la biosphère (microplastiques, produits chimiques, etc.). Longtemps difficile à cerner, les chercheurs du Stockholm Resilience Centre ont finalement conclu, dans une étude parue en 2022, que la limite avait bel et bien été franchie.

L’acidification des océans

On compare ici la saturation de l’eau de mer en « aragonites » (du calcium) par rapport à l’ère préindustrielle. Plus cette saturation baisse, plus le danger augmente pour les écosystèmes marins. Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 80%. Nous en sommes à 84%. La limite n’est donc pas encore dépassée.

La diminution de la couche d'ozone
La couche d’ozone protège la Terre des rayonnements nocifs du soleil. On mesure son épaisseur en « UD » (unités Dobson). Le seuil critique fixé par les scientifiques est de 275 UD. L’épaisseur est actuellement de 285 UD. La limite n’est donc pas encore dépassée.


La pollution des aérosols
Il s’agit de la quantité de particules en suspension dans notre atmosphère. On ne sait pas encore la mesurer précisément au niveau planétaire. Cette limite-là n’est donc pas chiffrée par les scientifiques.

Quel bilan en 2022 ?  

En 2009, trois limites planétaires étaient déjà dépassées : le réchauffement climatique, la perturbation du cycle de l’azote et les atteintes à la biosphère. Depuis, le bilan s’est alourdi, et quatre nouvelles limites ont été officiellement déclarées comme franchies. Dernières en date : le changement d’affections des sols (en 2015), l’introduction de nouveaux polluants et l’utilisation de l’eau douce (toutes deux en 2022).

L’humanité a donc franchi six des neuf limites planétaires, et quitté son « espace de fonctionnement sécurisé » pour entrer dans une zone à risque.

Des limites… mais pour quoi faire ?

Choix des neuf limites, valeurs exactes au-delà desquelles un seuil est franchi ou encore unités de mesure retenues… : le concept des limites planétaires fait l’objet de débats et de discussions au sein des communautés scientifiques. Rien d’étonnant à cela puisque la science progresse, aussi, grâce à ces échanges de points de vue et autres controverses.

Ceci étant, les limites planétaires se sont progressivement installées dans le paysage du combat écologiste et de la lutte pour la préservation de la vie sur Terre. Assez vite, dès 2011, l’ONU et la Commission européenne ont par exemple adopté cet outil de prévision. En France, certains, comme la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), plaident même pour l’intégrer à la Constitution.

Il y a en tout cas consensus sur l’intérêt opérationnel d’un tel concept. Il permet en effet de visualiser de manière globale et transversale les grands risques systémiques, de nous alerter sur l’urgence des combats à mener, et in fine d’influencer les gouvernements et organisations dans leurs décisions. En somme, ces limites nous rappellent très concrètement que de « bonnes » conditions de vie sur Terre ne coulent plus de source, et qu’elles dépendent purement et simplement… de nous. 

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