photo de bobines industrielles de fil

Pourquoi faut-il tant d’eau pour fabriquer un vêtement ?

La fabrication d’un simple t-shirt nécessite 2 700 litres d’eau, soit l’équivalent de 70 douches. Comment arrive-t-on concrètement à de tels volumes ?

Quelques chiffres sur le textile et l’eau

2 700 litres pour un t-shirt, 8 000 litres pour une paire de chaussure en cuir, 11 000 litres pour un jean… Les volumes d’eau douce nécessaires pour fabriquer nos vêtements donnent un peu le tournis. Surtout lorsqu’on les rapporte au nombre d’articles vendus chaque année dans le monde : plus de
100 milliards.
Le résultat est une consommation globale d’eau plutôt affolante pour l’industrie textile : celle-ci engloutirait ainsi 93 milliards de mètres cubes d’eau par an, selon la Fondation Ellen MacArthur. Soit environ 4% des ressources en eau potable de la planète. Du mal à visualiser ? On vous comprend… Grosso modo, retenez que c’est l’équivalent de 37 millions de piscines olympiques chaque année !
De quoi placer, sans surprise, le textile parmi les secteurs les plus gourmands en « or bleu », cette ressource naturelle (et limitée) si précieuse à la vie sur terre : il arrive en effet troisième, juste derrière la culture du blé et celle du riz.

Photo de fibres de coton

Du champ de coton jusqu’à la teinte : de l’eau à tous les étages

Si les vêtements nécessitent autant d’eau pour voir le jour, c’est d’abord parce que l’eau est utilisée à presque chacune des étapes de leur cycle de vie.
Commençons par le commencement : la matière première.

On parlera ici essentiellement des matières naturelles, c’est-à-dire des fibres d’origine végétale (coton, lin, chanvre, latex, etc.). La recette est ici la même depuis la nuit des temps… Pour faire pousser une plante, il faut trois éléments : de la terre, du soleil, et de l‘eau.
L’une des stars de l’industrie textile contemporaine est d’ailleurs justement un végétal qui adore l’eau : le coton. Celui-ci représente en effet aujourd’hui un quart de la production mondiale des fibres textiles. Et il faut beaucoup d’eau pour le faire pousser et faire éclore sa fleur. Un kilo de coton nécessite près de 10 000 litres d’eau douce. Une quantité telle que la pluie qui tombe sur les champs ne suffit pas. Il faut aller puiser dans les rivières, les lacs et les nappes phréatiques de quoi hydrater les cultures.

A noter que les prochaines décennies vont sacrément compliquer l’équation : l’eau douce disponible se raréfie partout sur la planète, tandis que le climat se réchauffe. Autrement dit, les champs de coton, soumis à des températures en hausse, vont demander plus d’eau (+50% d’ici 2030)… alors même que celle-ci sera de plus en plus rare. Certains grands producteurs, comme la Chine ou l’Inde, font déjà face à un manque d’eau douce pour leurs cultures.

Pour avoir un ordre d’idée, on estime, dans le cas d’un jean, que la matière première représente un tiers de son « empreinte eau » (le volume total d’eau nécessaire à la production d’un bien ou service). Soit, ici, environ 3 000 litres sur les 11 000 totaux.

Photo de tissus aux couleurs variées

La confection, un poste gourmand en eau

La deuxième phase très grande consommatrice d’eau est la confection. Il s’agit ici de l’eau utilisée dans les usines tout au long du processus industriel de fabrication des vêtements. Une étape de ce processus, en particulier, engloutit d’immenses quantités d’eau : blanchir et teindre les vêtements. Et oui… il faut beaucoup d’eau pour décolorer le textile, puis pour appliquer les teintures et les produits chimiques qui les fixent. En moyenne, chaque kilo de textile teint nécessite 100 à 150 litres d’eau.

Autre procédé redoutable en matière de consommation d’eau : le délavage. Très pratiqué sur le denim, et en particulier sur les jeans (2,3 milliards d’exemplaires vendus chaque année tout de même), cette technique nécessite des litres et des litres d’eau douce, en plus d’autres ressources telles que le sable.

Pour être tout à fait complet, il faudrait ajouter ici une troisième phase de consommation d’eau, qui ne concerne plus la fabrication mais l’utilisation du vêtement. On parle ici de cette tâche domestique aussi ennuyeuse que nécessaire… : laver le linge (ceci dit, certaines matières, comme le jean, ne nécessitent pas des lavages aussi fréquents que ce que nous avons l'habitude de faire). Et ceci, sans même encore parler de la question de la pollution plastique dans les océans.

L’entretien de nos vêtements alourdit lui- aussi significativement leur « empreinte eau ». On estime en France que chaque foyer dépense autour de 14 000 litres d’eau par an pour laver ses t-shirts, chaussettes et autres culottes... Soit tout de même 12% de la consommation domestique d’eau.

Eau consommée… et usée

Au-delà de l’aspect quantitatif, nos vêtements ont un second grand impact sur l’eau : ils la polluent.

L’eau qu’ils consomment en sort en effet rarement indemne… Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), l’industrie textile serait ainsi responsable de 20% de la pollution de l’eau à l’échelle mondiale. Et, encore une fois, l’impact est distribué tout au long du cycle de vie du vêtement.

Lors de l’extraction de la matière première, la pollution est essentiellement liée aux substances chimiques utilisées par les cultivateurs. Le coton, par exemple, est traditionnellement très traité aux pesticides et abondamment alimenté en engrais. Ces produits pénètrent le cycle de vie de l’eau, jusqu’à contaminer les nappes phréatiques et les cours d’eau.

Lors de la fabrication, la pollution est majoritairement issue d’une étape clé déjà évoquée : la teinture. Les vêtements sont d’abord blanchis, le plus souvent à l’eau de javel. Rejeté dans les eaux usées, le chlore qu’elle contient n’est pas biodégradable et voyage dans l’eau, intoxiquant les êtres vivants (plantes, animaux, humains). Quant aux teintures elles-mêmes, elles contiennent des métaux lourds, eux aussi redoutables pour l’environnement.

Enfin, s’agissant de l’usage, la pollution est principalement générée par le nettoyage des vêtements en matières synthétiques (68% de la production mondiale) : nylon, polyester, acrylique ou élasthanne libèrent en effet à chaque lavage des microparticules de plastique. Trop petites pour être interceptées par les stations d’épuration, elles terminent… dans la nature. Les estimations font état de 240 000 tonnes de microparticules de plastique issues du textile synthétique déversées chaque année dans les océans.

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