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Photo de la montagne

Climat : quelle différence entre atténuation et adaptation ?

On parle le plus souvent de « lutte » contre le changement climatique, un terme assez global qui cache en fait deux réalités distinctes : l’atténuation et l’adaptation. Décryptage.

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Atténuer ou s’adapter… faut-il choisir ? 

Vous l’aurez deviné, la réponse est non ! L’atténuation et l’adaptation sont bel et bien les deux fronts d’une même et grande bataille : la lutte contre le changement climatique.

Il s’agit en fait de deux stratégies complémentaires, qui s’appliquent chacune à un niveau distinct. Concrètement, l’atténuation s’attaque aux causes du changement climatique, tandis que l’adaptation s’attaque à ses effets. En somme, la première consiste à limiter le réchauffement, et la seconde à apprendre à vivre avec.

Dans les deux cas, il y a urgence. Le GIEC, cette organisation qui documente et synthétise toutes les connaissances scientifiques relatives au changement climatique, l’a redit dans son dernier rapport (le 6e, publié en plusieurs vagues depuis 2021) : il nous reste peu de temps pour limiter la casse climatique.

Aujourd’hui, les émissions globales de gaz à effet de serre, cause principale du changement climatique, continuent d’augmenter. Or, les experts estiment qu’elles devront avoir atteint leur valeur maximale avant 2025 au plus tard, puis baisser drastiquement si nous voulons limiter le réchauffement à environ 2°C. Il nous reste donc, grosso modo, moins de 3 ans (d'ici 2025) pour inverser la courbe.

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À noter qu’atténuation et adaptation sont deux dynamiques interdépendantes : plus on atténuera le changement climatique, moins l’adaptation sera radicale et brutale. Et plus on s’adaptera au changement climatique, plus on sera en condition de l’atténuer.

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Dans son très utile glossaire, le GIEC nous propose une définition assez simple de l’atténuation. Il s’agit d’une « intervention humaine visant à réduire les sources ou à renforcer les puits de gaz à effet de serre ».

L’atténuation consiste donc à agir sur la cause numéro 1 du changement climatique : les gaz à effet de serre (communément baptisés « GES ») que nous, humains, rejetons en trop grande quantité dans l’atmosphère via nos activités productives et commerciales.

Pour y parvenir, nous dit le GIEC, nous disposons de deux leviers :

-  réduire ces émissions de GES. Cela passe, essentiellement, par l’abandon des énergies fossiles, très grandes émettrices de ces gaz, et par une transformation radicale de nos modes de vie.

- absorber les GES qui sont déjà présents dans l’atmosphère. Il s’agit ici des fameux « puits de carbone » : des réservoirs naturels (bois, sols, végétaux) ou artificiels (technologies humaines) qui piègent et conservent le carbone en dehors de l’atmosphère.

L’atténuation exige des initiatives et des politiques à tout un tas de niveaux : individuel, municipal, régional, étatique et international. L’une des bonnes nouvelles, c’est que l’on dispose aujourd’hui d’à peu près tout pour les mettre en place. Connaissances scientifiques, technologies, moyens financiers… : oui, l’humanité dispose « des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement », martelait encore en avril 2022 le président du GIEC, Hoesung Lee, lors de la publication du 6e rapport.

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Photo de forêt

Des exemples de mesures d’atténuation

- réutilisation et recyclage des produits ;
- abandon des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables (éolienne, solaire, etc.) ;
- limitation de la quantité des déchets industriels et domestiques ;
- interdiction des moteurs thermiques ;
- isolation des logements ;
- mise en place de procédés industriels moins émetteurs de CO2 ;
- réduction du trafic aérien ;
- arrêt de la déforestation et reboisement ;
- protection de la biodiversité ;
- etc.

À l’échelle individuelle, aussi, l’atténuation est possible. Elle passe par une forme de sobriété et une évolution de nos modes de vie (régime alimentaire moins carné ; réduction de la consommation d’électricité et de produits, etc.).

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S’adapter au changement climatique… ce n'est pas un peu tôt ?

Et non… c’est même déjà un peu tard. Et c’est donc le second grand volet de la lutte contre le changement climatique : faire évoluer nos modes et cadres de vie pour éviter de (trop) souffrir de cette crise.

La question de l’adaptation, en raison d’un certain déni, n’est arrivée que tardivement dans les discussions internationales sur le climat. Comme si 1 ou 2 degrés de plus sur Terre seraient sans conséquences… En plus se sont multipliées les vagues de chaleur, les sécheresses, les incendies, les pénuries d’eau, les inondations, et autres conséquences dramatiques du réchauffement. En 2015, l’Accord de Paris, ce grand traité international signé en 2015, reconnaissait finalement noir sur blanc un « objectif mondial en matière d’adaptation ».

Le GIEC, lui, définit l’adaptation comme une « démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences », avec pour objectif « d’atténuer ou d’éviter les effets préjudiciables et d’exploiter les effets bénéfiques ».

Le chantier de l’adaptation est immense. Il concerne en effet… l’ensemble de nos vies : nos villes, nos agricultures, nos façons d’habiter, nos parcs et jardins, nos systèmes de santé publique, etc. Et il est planétaire : selon les scientifiques, entre 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent aujourd’hui dans des environnements très vulnérables aux changements climatiques. 

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Photo de sapin enneigé

Des exemples de mesures d’adaptation au réchauffement climatique

- végétaliser les villes pour les protéger de la chaleur ;
- modifier les variétés de fruits et légumes que l’on cultive, ainsi que les dates de plantation et de récolte ;
- augmenter les capacités de collecte et de stockage des eaux de pluies ;
- déplacer les zones d’habitation menacées par la montée des eaux et l’érosion ;
- développer le dessalement de l’eau de mer pour compenser les pénuries d’eau douce ;
- surveiller et anticiper l’apparition de nouvelles maladies ;
- etc.

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À noter que les mesures d’adaptation sont nécessairement variables : on ne lutte pas de la même manière que l’on soit en Islande ou au Botswana, dans les Alpes ou sur la côte Pacifique. Surtout, cela ne coûte pas la même chose… Nous sommes en effet très inégaux. Pour schématiser, les pays dits « du Sud » sont beaucoup exposés que ceux « du Nord » aux changements climatiques. Les zones les plus vulnérables ? Les petits États insulaires, l’Arctique, l’Asie du Sud, l’Amérique centrale et du Sud, et une grande partie de l’Afrique subsaharienne.

Une inégalité géographique qui se double d’une autre, économique. « La capacité d’adaptation, intimement liée au développement socioéconomique, est inégalement répartie entre les sociétés et au sein de ces dernières », souligne ainsi le GIEC. Par exemple, les Pays-Bas, plutôt riches, sont plus armés pour lutter contre la montée des eaux que le Pakistan.

D’où la nécessité, absolue, d’instaurer une coopération internationale et une juste répartition des coûts. Le GIEC estime que les besoins financiers de l’adaptation attendront 127 milliards de dollars en 2030, et près de 300 milliards en 2050. Une facture telle qu’il va bien falloir s’aider les uns les autres.

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Photo arbre
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Atténuation et adaptation vont de pair, et c’est là tout le défi : parvenir à les mener de front. L’Accord de Paris (2015) stipule d’ailleurs que les ressources financières allouées à l’atténuation et à l’adaptation devraient être équilibrées. Ce qui n’est aujourd’hui pas le cas. Le GIEC a récemment alerté sur le rythme trop faible des politiques et du financement de l’adaptation au changement climatique.

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