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Sois belle et transpire

Sois belle et transpire : les codes de la beauté dans le sport

Athleisure, active beauty… retour sur les termes qui lient aujourd’hui les codes du sport et de la beauté. Comment se sont-ils démocratisés ? D’où vient-on ? Tout se trouve ici.

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Aujourd’hui les codes de la beauté sont fortement corrélés à ceux des sportives que nous voyons sur les réseaux sociaux. Tous physiques confondus elles sont devenues de véritables icônes de notre société. Mais avant que nous en arrivions à cette évolution par quoi sommes-nous passé•es ? Quelles étapes ont précédé la démocratisation du body positive ? Quelle place a été attribuée aux équipements sportifs ? Comment les femmes ont-elles géré la pudeur liée aux époques ? Sportive et beauté, on décrypte tout juste ici. 

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Là je vous vois venir, vous allez dire “j’ai enfilé mon pilou-pilou pour un moment détente et me voilà encore devant une checklist des pires réflexions sexistes. Merci pour le moral”. Rassure-toi cher•e lecteur.tri•e, ce type de personnages et les réflexions qui l’accompagnent n’auront pas leur place ici. Et on nous dit dans l’oreillette qu’elles ne l’ont désormais plus à la télé.

On va plutôt parler évolution que macho arriéré (oups) et se projeter dans toutes les belles choses déjà accomplies. Si vous êtes déjà passé•es par notre article sur l’Histoire du sport au féminin, vous avez surement déjà quelques bases. Sinon, nous vous invitons à le consulter, évidemment.

Ce que l’on vous propose, c’est de tout simplement décortiquer ensemble le sujet de la beauté chez la sportive en creusant des sujets tels que l’évolution des équipements, la chasse aux femmes musclées et l’influence des réseaux. Ce sera même l’occasion de remettre un petit coup dans les dents du personnage susnommé. Mais c’est uniquement si vous insistez.

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Sport, équipement et affirmation de soi

Il est possible que vous ayez récemment investi dans l’un des ouvrages de Pénélope Bagieu, intitulé Culottées, des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent paru aux éditions Gallimard. Dans ce livre, se trouve l’histoire d’Annette Kellerman, une femme qui se met à la natation après avoir contracté la polio à l’âge de 6 ans. À l’époque où grandit notre héroïne, c’est-à-dire dans les années 1890, les maillots de bain ressemblent davantage à des camisoles de forces qu’aux trikinis que nous connaissons aujourd’hui. Les tenues devaient couvrir l’intégralité du corps, être munies de poids pour cacher d’impudiques chevilles et, éventuellement, être assorties d’une splendide charlotte.
Elle est bien loin l’Antiquité romaine et les bains dans lesquels on se baignait… nus.

(⬅ Ceci n'est pas Annette)

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Quoiqu’il en soit Annette est bien décidée à vivre son destin de grande nageuse et à ne pas s’embarrasser des conventions de l’époque. Une paire de ciseaux dans une main et du fil à coudre dans l’autre, la voilà qui nous raccourcit tout ça et nous rapproche ainsi du maillot de bain que nous connaissons aujourd’hui. Après quelques démêlés avec la justice, certes.
Non contente d’avoir révolutionné l’équipement lié aux nageuses, Annette a également permis une évolution sociétale en assumant son corps (elle a posé nue) et en se positionnant comme sportive féminine.
Son histoire n’est bien sûr pas la seule et de nombreuses femmes à l’image d’Amélia Bloomer qui a créé la culotte bouffante ou de Suzanne Lenglen qui lança les jupes courtes que nous connaissons aujourd’hui en tennis, auraient pu être citées.

Je vous imagine la larme à l’œil face à tant d’évolution et il serait fantastique que l’histoire s’arrête ici. Mais non. Maintenant que les équipements ont été raccourcis… difficile de les allonger. Allez poser la question à l’équipe norvégienne de beach handball qui a écopé d’une amende de 1500 € pour avoir préféré le short aux culottes échancrées demandées par la fédération. C’est dommage, car de nouvelles dispositions avaient été prises en matière d’équipement pour les volleyeuses, mais elles ne s’appliquent qu’aux joueuses ayant des « motifs culturels et/ou religieux » justifiant une plus grande couverture de leurs corps. Pour un legging ou un lycra, il faudra que les autres joueuses attendent des températures inférieures à 15°.
Comme quoi l’univers du sport regorgera toujours de surprises !

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Belle et musclée ? 

En 1892, peu après la création du basket par James Naismith ont lieu les premiers matchs féminins, avec des règles modifiées qui comprennent l’interdiction d’arracher le bond à un adversaire ou de dribbler au sol plus de trois fois. Étrange manière de complexifier les règles qui a en réalité pour objectif d’éviter le développement de la nervosité et de provoquer la perte de grâce, de dignité et d’estime de soi. Notons également que ces dames n’ont pas le droit de tirer à deux mains pour ne pas surexposer leur poitrine.
Je m’éloigne du sujet. Les femmes symbolisent donc la douceur, la grâce et la sensibilité. C’est d’ailleurs pour cela qu’à leur arrivée en compétition internationale en 1900 on leur propose des épreuves décentes et délicates telles que le tennis, le croquet ou le patinage artistique.

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Quelques années plus tard, en 1972 le livre Les sports au féminin : où ? quand ? comment ? écrit par Jeannine M. Héraud pousse le curseur encore plus loin en décrivant le physique de la sportive. Cette dernière doit garder la ligne, garantir un ventre plat et faire attention à la qualité de son shampoing (parce qu’elles le valent bien). L’essentiel étant donc de plaire et de rester élégante dans l’effort. En n’oubliant pas la mise en plis une fois l’effort passé.
{si vous recherchez des lectures sportives qui vous plongeront dans un état d’esprit plus positif, voici un lien qui regorge de livres motivants}

Vous riez (enfin, sans doute jaune), mais ces critères d'un autre âge vont longtemps résister à l’envahisseur bodypositif. Car même aujourd’hui le corps féminin se doit d’être fragile et délicat, un corps musclé ce n’est pas jugé comme étant beau. Enfin, pour la femme. Le nageur musclé par exemple, lui, ne doit pas rencontrer trop de problèmes
Ce qui nous amène à la définition phare de notre article, qu’est-ce que la beauté ? Selon le petit Larousse la voici : “Qualité de quelqu'un, de quelque chose qui est beau, conforme à un idéal esthétique“.
Cet idéal, c’est ce que tentent de changer de nombreuses femmes, passionnées de musculation, de tennis, d’aviron... Avec plus ou moins de succès, comme le montre le cycliste Marc Madiot.

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"Une femme sur un vélo, c'est moche !"

Le 20 juillet 1987, sur le plateau de Chacun son tour, les cyclistes Jeannie Longo et Marc Madiot s'affrontent violemment après la polémique sur des propos sexistes du cycliste Marc Madiot à l'encontre du cyclisme féminin. Selon lui  : "il y a des sports qui sont masculins, il y a des sports féminins [...] Voir une femme sur un vélo, c'est moche !" . 

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Pour revenir sur cette histoire de "sport d'homme" ou "sport de femme", on a choisi d’interroger Manon, adepte de cross training depuis 6 ans.

“Dans la salle, je ne ressens pas de jugement, mais à l’extérieur les regards ont tendance à me faire douter de mon corps, de mon sport.
J’en arrive à porter un gilet pour cacher mes épaules lors de certains évènements. Alors qu’initialement je n’ai pas choisi ce sport pour avoir un ventre plat ou des épaules développées. C’est pour la performance et l’énergie que le Cross Training me procure que je l’ai sélectionné.

{...} Globalement on ne viendra pas critiquer mon ventre plat ou mes fesses musclées. Ce qui provoque des réflexions ce sont les éléments de mon corps qui sont, dans l’opinion publique, propres à la musculature masculine.”

"“ MUSCLÉE IS THE NEW SEXY !”"

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Une femme qui performe, c’est un homme

Admettons que Jacqueline soit une sportive qui performe, mainte fois championne dans sa catégorie et explosant tous les records. Quelle est la probabilité pour qu’un journaliste (ou votre grand-oncle) ne la gratifie du “compliment” suivant : "Jacqueline c’est un vrai mec !"
Figurez-vous que cette probabilité est tellement élevée que fût un temps (hélas pas encore totalement révolu) on soupçonnait les femmes qui performaient un peu trop d’être génétiquement… des hommes. C’est ainsi qu’en 1968 furent introduits, à Mexico, les premiers tests de féminité. Ces derniers permettaient la détermination du sexe du participant pour n’importe quel évènement sportif. Rassurez-vous, n’en déplaisent à certains commentateurs sportifs, ce type de procédés a officiellement été aboli en 1999.

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Eh bien tout d’abord que ce type de réflexions ne date pas d’hier. Depuis toujours et partout dans le monde, le premier critère de beauté est celui de la différenciation sexuelle. Pour résumer, une femme est belle si elle ne ressemble pas à un homme. Si elle dispose d’une poitrine généreuse pour allaiter et de l’ensemble des éléments nécessaires à l’enfantement. S’ensuivent des critères tels que la symétrie du visage, la jeunesse et le poids.

Il est étrange de réaliser que la majeure partie des critiques réalisées encore aujourd’hui sur le physique des sportives est liée à des prédispositions génétiques ancestrales. Ça ne sent pas bon l’évolution tout ça. Et comme le résume Amélie Mauresmo "Pour un sportif, une sportive, quand on touche à son corps, c'est très important, la représentation qu'on s'en fait, ce que les gens pensent…”. Et si on misait sur un effort collectif pour faire attention à ce qui sort de notre bouche ?

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Boomers, ouvrez vos chakras ! 

On a parlé évolution de l’équipement, muscles et masculinité. Je vous sens prêt•es à passer à l’étape suivante : le monde de l’internet. Et oui, les codes de la beauté chez la sportive sont aujourd’hui particulièrement rythmés par les réseaux sociaux.
À la tête des dernières tendances, des instagrameuses et Youtubeuses aux corps parfaitement sculptés qui prônent un entraînement régulier et une vie saine (assaisonnée de douze heures de sommeil par nuits).
{Ne vous méprenez, je ne traduis ici aucune jalousie. Ou presque}

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Le fait étant que ces influenceuses, suivies par des millions de personnes, proposent la majeure partie du temps des programmes d’entraînement permettant d’accéder au même idéal de beauté qui est le leur. Elles inspirent, par des mises en scènes d’images postées stratégiquement, le formatage et le diktat du corps idéal. Ce que les filtres viendront par la suite améliorer. Est-ce que l’on peut alors parler de codes de la beauté ou de la création d’un avatar sportif optimisé ? Pour pousser plus loin la réflexion, dirigez-vous vers cet article de l’ADN.
Toute expérience sportive se doit d’être partagée et de véhiculer un mode de vie sain et actif. Une étude menée par Facebook montre que 53% des amateurs.trices de sport sur Instagram utilise le réseau pour poster des photos les représentant lors d’évènements sportifs. Il y a même une phrase pour traduire cette tendance “IF YOU DIDN’T POST IT, DID IT REALLY HAPPEN ?”*
*Si tu ne l’as pas posté, est-ce vraiment arrivé ?
Le sport devient donc est un vecteur de reconnaissance, un nouvel élément de contrôle de son image. En témoignent ces deux nouvelles tendances :

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L’athleisure

Une expression qui trouve ses origines aux États-Unis dans les années 80-90 et provient du mix entre la version anglaise du mot “athlète” et du mot “loisir”. Depuis 2016 il a explosé en Europe en touchant toutes les générations, chez la femme particulièrement. Un concept particulièrement séduisant qui consiste à porter des vêtements hybrides permettant de passer du sport à la détente en un clin d’œil.

Des sneakers (la pièce clé), une brassière, un sweat, un legging ou mini-jupe, l’essentiel étant de rester stylé et actif.
Sur les réseaux sociaux n’hésitez pas à agrémenter le tout d’un smoothie frais et d’une paire de lunettes de soleil devant une porte colorée : succès assuré.

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L’active beauty 

Maintenant que les femmes ont, dans nos sociétés occidentales, accès au sport et qu'elles peuvent sélectionner leur équipement : que faire des frisottis, rougeurs et maquillages qui coulent durant l’effort ? Cette problématique, les marques cosmétiques l’ont bien compris. Avec l’explosion de la combinaison sport et beauté sur les réseaux sociaux il serait dommage de se passer d’une telle visibilité. Ainsi naissent les gammes “active beauty”. Une alternative généralement cooptée par des athlètes de renommées qui font la promotion de crèmes anti-sueur, de soins d’aide à la récupération, de mascaras résistance extrêmes et autres liquides matifiants pour ne pas boucher les pores. Dans tous les cas, les produits doivent être pratiques et facilement transportables dans son sac de sport.

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#Mypostpartum #normalisenormalbodies ou #instagramversusreality

C’était drôle de noircir le tableau, mais les réseaux sociaux ne sont pas uniquement tournés vers le culte du corps et le besoin de reconnaissance. De plus en plus de sportives dénoncent la réalité des filtres Instagram ou des différentes poses choisies par les influenceuses pour valoriser le galbe de leur fessier. Adieu le thigh gap challenge et bienvenue aux filles en bonne santé. Au placard les #fitmom, on veut des sportives qui, comme nous galèrent après un post-partum. Au fur et à mesure des années, la mode de la minceur extrême a cédé la place aux corps athlétiques dans des esprits sains. Et on accueille avec davantage de bienveillance les sportives de tous âges, poids et ethnies, du moment qu’elles communiquent avec authenticité. L’heure est à l’entraide et a la sororité Mesdames. 

PS : en écrivant cet article on a même découvert le #UnlikelyHikers, une communauté d’amoureux·ses du plein air qui met en avant des personnes sous-représentées dans les publications Instagram. 

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Sport & beauté : notre conclusion complètement subjective

C’est cliché, mais combien de fois vous est-il arrivé d’entendre que Sarah est un vrai garçon manqué, car elle a choisi le rugby comme activité ?
Depuis l’enfance, les filles doivent intégrer l’idée qu’on attend d’elles douceur, calme et sérénité. Et que par conséquent, les sports nécessitant davantage de contacts ou de performances physiques sont destinés au garçon. Les filles à la gym et les garçons au foot. Cette distinction entre les genres, dès la cour de récréation, a un impact encore aujourd’hui les codes de la beauté chez nos sportives adultes. Même si notre société évolue, il reste encore du chemin à parcourir.
Et c’est ce que l’on constate en regardant autour de nous : plus un sport est ancien, donc codifié, plus les femmes auront de difficultés à y faire évoluer les codes de la beauté. Tout simplement, car ce ne sont pas des sports dans lesquels elles ont concourus dès leur création ou alors parce que les règles ont été définies par des comités masculins d’une autre époque.
{Notons tout de même que des évolutions restent possibles. À l’image de l’Allemande Sarah Voss, une gymnaste de l’équipe nationale qui a délaissé le justaucorps au profit d’une combinaison intégrale plus confortable et moins sexuée. Bravo Madame}

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Pas une beauté, mais des beautés

Les problématiques rencontrées par les femmes dans ce type de pratiques naissent en grandes parties de préconceptions genrées dans lesquelles ont tendance, encore aujourd’hui, à se noyer journalistes et commentateurs sportifs.
À l’opposé, les nouveaux sports, dont le cross training est un exemple, ou ceux qui ne résultent pas d’années de compétitions, sont plus libérés. On y trouve des femmes de toutes morphologies unies par un même désir de performance et/ou de bien être. C’est un des impacts bénéfiques des réseaux sociaux et de nouvelles générations plus engagées. Les communautés de sportives se soutiennent et s’opposent ensemble aux diktats d’un autre temps.
Le résultat ? Non pas une beauté, mais des beautés. Des sportives réunies autour d’une même envie, celle de se sentir bien et de pratiquer leurs sports comme elles l’entendent.

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Marie

Baroudeuse, gribouilleuse et apprentie grimpeuse.
Un carnet dans la main et un chien jamais très loin.
#TEAMDECATH

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