Quand l'entreprise se met au sport !

Quand l'entreprise se met au sport !

Jogging entre midi et deux, petit déj’ yoga ou tournoi de futsal avec le service compta : le sport au travail, c’est prouvé, fait du bien à tout le monde.

Si la pratique du sport entreprise reste minoritaire, elle progresse tout de même depuis 20 ans en France. Tour d’horizon d’un phénomène parti pour durer.

Si la pratique du sport entreprise reste minoritaire, elle progresse tout de même depuis 20 ans en France. Tour d’horizon d’un phénomène parti pour durer.

Qu'est-ce que le sport en entreprise ?

Disons-le tout de suite : l’art de transpirer au boulot n’est pas vraiment nouveau. En France, on trouve les premières traces d’activité physique dans le secteur tertiaire, banque et commerces notamment, à la fin du XIXe siècle. La mode est alors dominée par la petite reine : la bicyclette.
Des clubs d’employés se forment pour aller gaiement se sculpter les gambettes au grand air.

Exemples les plus fameux ? L’Union vélocipédique de la Banque de France, née en 1885 ; la Société vélocipédique du Bon Marché (1892) ; ou encore la puissante ASPTT (Association Sportive des Postes et des Télégraphes). Cette dernière organise en 1898 sa toute première course cycliste entre Bordeaux et Libourne.

Les bienfaits du sport en entreprise sont même mesurables. En 2015, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a diligenté une enquête, menée auprès de 200 entreprises françaises.

Bilan : les salariés pratiquants gagnent 3 ans d’espérance de vie et retardent de 6 ans l’âge de la dépendance. Preuve de leur meilleure forme, ils économisent entre 5 et 7% chaque année en dépenses de santé. L’entreprise n’est pas en reste, puisque la productivité par salarié grimpe de 6 à 9% ! Selon cette étude, même la rentabilité nette croît (de 4 à 14%).

Comment intégrer le sport dans l'entreprise ?

L’État s’efforce d’accompagner le mouvement. Il voit en effet dans les entreprises de précieuses alliées pour atteindre l’objectif qu’il s’est récemment fixé : convertir au sport 3 millions de Français•es supplémentaires d’ici aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024.

S’il ne fournit pas encore les tapis de sol ou les cordes à sauter, le gouvernement a frappé un grand coup au printemps 2021 en modifiant le code de la sécurité sociale : est désormais prévue par la loi une exonération de charges sociales pour les employeurs mettant à disposition de leurs salariés des locaux sportifs ou finançant des prestations d’activités physiques. Le tout à hauteur de 171,40€ x le nombre total de salariés de l’entreprise, par an. À bon entendeur...

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Atelier handball dans l’entrepôt

D’aucuns n’ont pas attendu les incitations fiscales pour convertir l’entrepôt ou l’open-space en terrain de jeu. Les premiers à agir ont été les grands groupes. Exemple avec cette enseigne de grande distribution française qui, pour échauffer ses préparateurs de commande avant leur shift, leur propose de… jouer au handball. Pour motiver les troupes, des handballeurs pros viennent même sur place, au sein des plateformes logistiques. Plus de 4 500 opérateurs de l’enseigne ont d’ores et déjà participé à ces ateliers dont la Ligue Nationale de Handball est partenaire.

À La Poste, c’est en équipe que ça se passe : le groupe a lancé « Teamsport », un programme de running mêlant courses en relais, marathon ou triathlon. Près de 8 000 postières et postiers de tous les services et de tous les âges y ont adhéré en 5 ans.

De nombreuses entreprises et administrations, à l’instar de la Mairie de Petit Couronne, ont, elles, décidé d’allonger la durée de la pause de midi pour que les travailleurs puissent se dépenser avant ou après la cantoche.

Enfin, des petits malins ont même trouvé un moyen de faire du sport entre collègues sans se lever de leur chaise : VoyagesSNCF.com a créé une salle de jeu pour sa « Team Loco », son équipe interne de… e-sport.

L'activité sportive en entreprise : pour doper la qualité de vie au travail (QVT)

Inspirés par ces banquiers et postiers en danseuse sur les routes de France, les industriels prendront bientôt la vague. Dans les années 1910, Michelin crée son Association Sport Michelin (ASM), Renault se dote d’un Club Olympique des Usines Renault, et Peugeot investit dans le football, jusqu’à créer, pour ses ouvriers, un club qui fera des étincelles (le FC Sochaux).

Cent ans plus tard, bonne nouvelle, la mode est bel et bien de retour. Les chiffres demeurent certes modestes : selon le baromètre Vitalité, Sport & Entreprise de l’institut OpinionWay, 14% des dirigeants disent proposer des activités physiques et sportives (APS) à leurs salariés. Les grands groupes étant largement en tête (40%), tandis que les TPE ont, logiquement, plus de mal (4%). Reste que, depuis 20 ans, le sport en entreprise est sur une pente ascendante. Il bénéficie en fait de la montée en puissance d’un concept juridique et managérial contemporain : la QVT, ou qualité de vie au travail. Soit la nécessité de soigner l’environnement global de travail pour préserver la santé -mentale et physique-, le bien-être et les capacités des salariés. Parmi les (nombreuses) stratégies mobilisables, celle de la pratique sportive a vite fait l’unanimité.

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La salle de sport en entreprise, une arme anti-burn-out

La percée du sport en entreprise ne doit rien au hasard. Il faut dire que les bienfaits sont multiples.
Intercalée dans une journée de boulot, l’activité physique limite les méfaits de la sédentarité (un risque majeur pour la santé), atténue les troubles musculosquelettiques, baisse le risque de burn-out et l’absentéisme ; elle améliore la concentration, l’humeur et l’énergie. Surtout, elle crée des liens et de la cohésion.

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Le sport en entreprise a ses propres « J.O. »

Libérer des endorphines aux Pilates avec Joël des RH, ou faire courir sa n+1 au squash à la pause déj’, on aime et on en redemande ! Selon OpinionWay, 94% des salariés-sportifs interrogés sont ravis de suer au bureau. Quant aux boss, ils valident totalement : 100 % des chefs d'entreprise ayant testé le sport dans leur boîte le recommandent à leurs homologues.
Forte de cet enthousiasme, la pratique s’est structurée. Elle s’est doté, en 2003, d’une fédération : la Fédération française du sport en entreprise (FFSE), agréée par le ministère des Sports. Elle réunit aujourd’hui plus de 2 000 entreprises et quelque 40 000 licenciés. Gourmands, les sportifs au bureau se sont même offert, en 2016, leurs « J.O. » persos… : les « Jeux mondiaux du sport d’entreprise », qui ont lieu tous les deux ans. Avis aux chasseurs de médailles, la prochaine édition se tient à Athènes du 6 au 10 octobre 2021. Elle réunira 28 disciplines, dont le handball, le tir à l’arc, la course d’orientation ou encore, pour les moins cardio d’entre nous, le bowling et la pétanque.

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Quel sport pratiquer en entreprise ?

Difficile de se motiver pour une session sport après une grosse journée de travail ? Marre de rester assis sur votre chaise ? Que pensez-vous de pouvoir faire vos exercices de sport directement sur place, au bureau ? 

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Cinq (très) bonnes raisons de pratiquer le sport en
entreprise

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1. Pour être plus intelligent•e

Et oui, le sport rend futé. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment un scoop : le grec Socrate l’affirmait déjà il y a… 2 500 ans. Une bonne forme physique, plaidait-il, est la condition nécessaire à tout effort intellectuel soutenu. Une floppée de siècles plus tard, le philosophe Nietzsche fera le même constat : « Les seules pensées valables viennent en marchant ! ». Depuis, la science leur a donné raison. Une étude menée en Allemagne auprès de 2 103 adultes de 21 à 84 ans a ainsi établi un lien direct entre activité physique (en l’occurrence du fitness) et volume du cerveau…

Mieux encore, selon leurs observations, le sport augmenterait le volume de notre matière grise. Oui oui, celle-là même qui orchestre nos compétences intellectuelles. Or, qui ne rêve pas d’un plus gros ciboulot pour être bien et efficace au boulot ? D’autant que le sport améliore, aussi, la concentration. Une étude suédoise parue dans la revue Translational Sports Medicine explique par exemple qu’une séance d’activité physique suivie d’une récupération brève améliore la mémoire, les fonctions cognitives et la concentration jusqu’à deux heures après la pratique. Et ce dès… 2 minutes d’exercice. Oups, on n’a vraiment plus d’excuse.

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2. Pour préserver sa santé mentale

Le stress est l’un des poisons contemporains. Il n’épargne pas, loin de là, nos lieux de travail. Anxiété, syndrome d’épuisement professionnel, dépression, … Le psychisme humain est vulnérable lorsqu’il est sous pression. La crise sanitaire et son cortège de bouleversements (dont le télétravail) ont accentué les risques.
Le baromètre Empreinte Humaine / OpinionWay sur l’état psychologique des salarié.e.s français.e.s en 2020 montre bien les enjeux : 49% des salarié.e.s se disent en détresse psychologique, et 35% confient un épuisement émotionnel. Si les réponses apportées à cette crise du bien-être au travail doivent être multiples, l’une d’elles est assurément à chercher du côté du sport. Jalonner sa semaine de travail d’activités physiques pour s’alléger la tête ? Aucun doute : ça marche. De multiples recherches notent ainsi que le sport en entreprise augmente l’estime de soi et le goût de vivre, qu’il régule les émotions et le stress, et même qu’il fait baisser l’absentéisme. Alors, à toute heure et en tout lieu, à vous les endorphines !

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3. Pour devenir (peut-être) champion•ne du monde

Vous avez vibré devant les derniers J.O. à Tokyo ? Vous avez toujours rêvé de monter sur un podium et de croquer dans la médaille sur les photos ? Réveillez-vous : ce rêve-là est accessible, et ce sans même s’appeler Agbegnenou ou Manaudou. Car oui, le sport en entreprise a, depuis 5 ans, ses propres Jeux Mondiaux ! Après Palma de Majorque en 2016 et La Baule en 2018, la troisième édition a eu lieu en octobre 2021. Des sportifs et sportives d’entreprises du monde entier s’y retrouveront pour se mesurer (et s’amuser) lors d’épreuves diverses et variées. Vingt-huit disciplines seront représentées au pays de l’Olympe, parmi lesquelles le squash, le beachvolley, le badminton ou le basket 3x3. (Avis aux moins véloces : il y a aussi la pétanque). Et si, vous aussi, vous embarquiez Momo du service juridique et Barbara de la compta poursuivre l’or à Athènes… ?

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4. Pour profiter… de la retraite

Bosser, c’est okay, mais à une condition : que ça n’entame pas notre forme physique. On n’a qu’un corps, il faut le préserver. Or la sédentarité imposée par de nombreux postes aujourd’hui nous abîme. Le dos se courbe, la nuque se tend, les muscules fondent… Pour y faire face, on peut difficilement meilleur coéquipier que le sport. La brasse coulée de midi, le yoga de 16h ou même les 30 minutes de marche avec les collègues entre deux rdv ont un pouvoir redoutable. D’aucuns l’ont même mesuré. En 2015, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a commandé une enquête sur le sujet.

Près de 200 entreprises françaises ont été consultées, et 150 études existantes
décortiquées. Le résultat est sans ambiguïté : pratiquer le sport en parallèle de son métier, c’est 3 ans d’espérance de vie gagnés ! C’est, aussi, retarder l’âge du début de la dépendance de près de 6 années. Pour couronner le tout, cela vous fait gagner des sous. Les sportives et sportifs de l’open- space ou de l’entrepôt réalisent entre 5 et 7% d’économies sur les dépenses annuelles de santé.

Vivre plus longtemps et plus riche… Que demande le peuple ?

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5. Pour mieux connaître ses collègues

Vous allez adorer faire suer (au sens propre, pour une fois…) vos collègues. Le sport en entreprise, en plus des vertus physiques et psychologiques citées plus haut, est une arme de socialisation massive.

Spécialistes des ressources humaines, psychologues et sociologues du travail sont formels : il facilite l’intégration des nouvelles recrues, encourage les échanges entre services, crée des liens intergénérationnels et assainie la hiérarchie. (Le tout, bien sûr, à condition qu’on ne force personne.) De fait, on ne se raconte pas les mêmes choses dans l’ascenseur que lors du jogging matinal au parc.

Le sport est l’occasion de développer ses relations interpersonnelles au travail autour de valeurs communes. Interrogés par l’institut OpinionWay, 87% des dirigeants ayant facilité la pratique du sport au sein de leur boîte ont vu des effets sur l’esprit d’équipe et l’intégration. Reste à franchir le pas : encore une minorité d’entreprises françaises (autour de 15%) proposent effectivement des solutions (salles, équipements, heures dédiées, financements, etc.) pour le sport au travail. A bons entendeurs…

Sur ce, on vous laisse : on a piscine dans 10 minutes.

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Benjamin

Badminton (en double, c'est plus rigolo) le mardi et brasse coulée le samedi, telle est ma petite routine. Entrecoupée de longues marches en ville et de vélo à la campagne.

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