Et si le vélo de fonction devenait la norme ?

Et si le vélo de fonction devenait la norme ?

Imaginez : vous vous apprêtez à vous rendre sur votre lieu de travail avec votre véhicule de fonction flambant neuf. Jusqu’ici, rien de surprenant, si ce n’est que votre véhicule est en réalité… un vélo ! Eh oui, le vélo de fonction pourrait bien devenir une norme dans un futur pas si lointain que ça. 

Utopique, le vélo de fonction ? Et si la vélorution était en réalité déjà en marche ? Stein van Oosteren, attaché à la délégation de Pays-Bas auprès de l’UNESCO, Président du Comité Coulée Verte (CoCoVert) auteur de “Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable” et conférencier, et Amandine Richaud-Crambes, urbaniste à l’ADEME, nous livrent les clés de la ville cyclable de demain. 

Qu’entend-on par “vélo de fonction” ?

Vous voyez le principe de la voiture de fonction ? Eh bien c’est tout pareil, mais avec un vélo. En gros, l’entreprise pour laquelle vous travaillez vous fournit un vélo fonctionnel en guise d’avantage en nature. De fait, son coût est entièrement pris en charge ou presque par votre employeur. La bonne nouvelle, c’est que cette initiative existe, et que certaines entreprises se sont déjà lancées dans l’aventure ! 

Les avantages du vélo de fonction

Oui, parce qu’en plus d’être un moyen de mobilité vertueux, le vélo revêt bien des bénéfices, tant pour ses utilisateurs que pour les entreprises qui s’équipent d’une flotte de vélos de fonction.

► Avantages pour les salarié·es
Pour votre santé, à condition de respecter le code de la route et sauf rencontre inopinée avec un chauffard, bien entendu. Sur le plan cardio-vasculaire et musculaire, 30 minutes ou plus de vélo matin et soir offrent à votre corps tous les bienfaits d’une activité physique régulière.

Côté mental, ces trajets à vélo au grand air (même en ville) peuvent vous aider à redescendre en pression avant et après votre journée de dur labeur. Attention cependant à ne pas mettre vos écouteurs. À vélo, la vigilance sur la route est primordiale et les écouteurs sont interdits !

Sur votre porte-monnaie : puisque le vélo de fonction est en grande partie pris en charge par votre entreprise et qu’il vient de fait remplacer votre voiture, adieu les frais d’essence, d’entretien et d’assurance voiture !

► Avantages pour les entreprises
Attention les gros mots, on va parler fiscalité, et plus précisément réduction d’impôt sur les sociétés : en optant pour la location d’une flotte de vélos de fonction, l’entreprise bénéficie d’une réduction d’impôt à hauteur de 25% du prix de ladite location. Ceci, à condition que la durée de la location s’étale au moins sur 36 mois. Si l’entreprise choisit de faire l’acquisition d’une flotte de vélos de fonction, alors c’est une dotation aux amortissements à hauteur de 25% du montant qui attend votre structure.

Côté bien-être au travail aussi, le vélotaf et donc le vélo de fonction ont leurs avantages : des salarié·es en forme, loin du stress des embouteillages et bien réveillé·es à leur poste de travail dès le matin. Plus qu’une simple affirmation, c’est un phénomène étudié. En effet, une étude menée en 2013 sur plus de 20 000 salarié·es et publiée dans le Journal of Occupational and Environmental Medicine a montré que le fait d’opter pour une mobilité active augmente la performance et diminue le taux d’absentéisme des salarié·es concerné·es.

un homme à vélo sur une piste cyclable séparée de la zone piéton

Objectif Employeur Pro-Vélo : kézako ?

Le saviez-vous ? Il existe un label récompensant les politiques pro-vélos adoptées par les entreprises ! Baptisé Objectif Employeur Pro-Vélo (OEPV), il “valorise les sites employeurs qui mettent en œuvre des actions ambitieuses, spécifiques au vélo et conformes au cahier des charges élaboré par la FUB (ndlr : Fédération Française des Usagers de la Bicyclette)”, selon le site web du label, à découvrir ici.

L’urbanisme cyclable du turfu : sur les routes, ça se passe comment, concrètement ? 

Dans l’immédiat, les cyclistes sont encore confronté·es à bien des désagréments sur la route, mais trouvent certaines parades pour en atténuer les effets, et militent pour des lendemains qui chantent… Ou en tout cas, qui pédalent sereinement !

1. Bon, aujourd’hui, on en est où ?

Pour trouver le meilleur avenir au vélo de fonction, peut-être faut-il, de fait, demander aux premier·es concerné·es les aménagements nécessaires pour rendre les routes praticables et agréables, côté cyclistes. Sur ce point, Hélène, vélotafeuse depuis dix ans, est catégorique : “Il faudrait que les vélos aient la priorité sur les voitures, que ces dernières ne soient plus reines sur les routes et que les infrastructures soient pensées en conséquence”. Parce que oui, dire que l’entente entre automobilistes et cyclistes n’est pas au top serait un gros, très gros euphémisme. “Il n’y a pas un jour qui passe sans que l’on me gratifie d’une insulte, plus ou moins originale, ou qu’un automobiliste me mette en danger en me coupant la route”, souligne Hélène, “C’est simple, pour eux, la plupart du temps, on n’existe pas, on n’a pas le droit de circuler”.

En réalité, pour trouver l’inspiration d’une ville où les cyclistes circulent librement, pas besoin de s’aventurer bien loin : à Amsterdam, les vélos font la loi sur le bitume depuis quelques décennies. “À chaque fois que je me rends là-bas, je profite du simple fait de ne pas me faire insulter par des automobilistes, de ne pas subir de mise en danger par ceux-ci, et d’avoir la priorité sur les autres modes de transport”, poursuit Hélène. Bon, sur tous, sauf le tramway, question pratique de freinage d’urgence.

Encore aujourd’hui, prendre son vélo pour aller travailler n’est donc pas de tout repos. Alors, si les 27 millions de salarié·es en France optaient tou·tes pour le vélo de fonction, comment notre paysage urbain devrait-il alors être repensé ?

2. Demain, objectif ville verte et cyclable

Pour que demain, les cyclistes puissent arpenter la ville en sifflotant sur leur vélo de fonction, quelques petits aménagements urbains semblent nécessaires, comme l’expliquent Stein van Oosteren et Amandine Richaud-Crambes. En selle, en vous emmène dans la ville cyclable de vos rêves !

Séparation, réduction de vitesse et du volume des voitures et réseau : le SRR, clé de la ville cyclable de demain
Pensée par Stein van Oosteren, la politique SRR serait une philosophie efficace pour une ville plus favorable aux cyclistes.

S pour "Séparer les voies cyclables des routes pour véhicules motorisés" : sans contact avec la source principale des dangers rencontrés par les cyclistes (à savoir : les véhicules motorisés), on réduit dès lors considérablement le nombre d’accidents chez ces derniers. De fait, les parcours arpentés par les cyclistes se font dans la joie, la bonne humeur et le coup de pédale fluide. “Aujourd’hui, le principal obstacle aux villes cyclables, c’est le manque d’aménagements sécurisés et adaptés aux cyclistes”, constate Amandine Richaud-Crambes.

Dans la ville cyclable de demain, à peine sorti.e de chez vous, vous accédez à une piste cyclable sécurisée en moins de temps qu’il ne faut pour dire “M12” (ndlr : les panneaux “cédez le passage” pour les cyclistes). Sur cette piste, vous ne risquez pas de voir votre roue heurter une bordure de trottoir, même petite, la largeur de celle-ci est pensée pour accueillir un flot conséquent de cyclistes et laisser doubler les plus rapides d’entre eux sans risque d’accident. Un feu rouge ou une intersection vous oblige à vous arrêter ? Même pas besoin de poser le pied à terre, une rampe vous attend pour vous tenir en équilibre sur votre bicyclette le temps que le feu repasse au vert.

R pour "Réduire la vitesse de circulation et le volume du trafic motorisé dans les villes" : Stein van Oosteren préconise ainsi un passage global aux 30 km/h dans les villes, contre les 50 km/h encore autorisés dans certaines communes aujourd’hui. “Ainsi, on baisse le taux de mortalité des accidents de la route, tout en augmentant la capacité à réagir des automobilistes”, précise Stein van Oosteren, “Mais une vitesse basse ne suffit pas pour mettre à l’aise les cyclistes. Il faut aussi adapter le volume des voitures qui passent, en coupant le transit motorisé dans les centres-villes et les rues résidentielles. Les automobilistes privilégieront ainsi les gros axes et ne passeront par les centres-villes que s’ils ont quelque chose à y faire (courses, habiter…). Cet apaisement permet à la vie locale d’émerger, dont le cycliste n’est qu’un effet secondaire -littéralement – heureux”.

R (encore, oui) pour "organiser les voies cyclables en Réseau" : tout comme on imagine difficilement une voie ferroviaire de dix mètres, pourquoi certaines pistes cyclables s’organisent en tronçons entrecoupés ? Piste cyclable, route, piste cyclable, route… Et on alterne jusqu’à destination. “Pour avoir une politique pro-vélos et mobilités douces efficace, il faut penser ce changement à l’échelle des intercommunalités et des métropoles”, souligne Amandine Richaud-Crambes, “et surtout, il faut que cette politique inclue tous les moyens de mobilité, qu’elle soit inclusive”. Les voies cyclables s’étendent ainsi de villes en villes, et permettent une fluidité dans le parcours du ou de la cycliste. Cela suppose également, selon l’experte, une communication entre les moyens de transport pour permettre à chacun·e de passer du vélo au bus ou au métro au cours du trajet, et ce, sans obstacle.

Le carrefour hollandais, avenir de la ville cyclable ?
Le carrefour quoi ? Le carrefour hollandais, pardi, celui-là même pensé pour la sécurité des cyclistes, avec ses voies cyclables bien distinctes de celles empruntées par les véhicules motorisés. “Laisseriez-vous votre enfant se déplacer sur un carrefour où se côtoient poids lourds et vélos ? Non ? Alors pourquoi attend-on des cyclistes qu’ils et elles prennent ce risque ?”, questionne à raison Stein van Oosteren.

Grenoble et Strasbourg : vitrines des bonnes pratiques françaises
Des modèles de villes cyclables en France, on ne va pas se mentir, il n’y en a pas non plus des masses. Cependant, Strasbourg s’est longtemps placée à l’avant-garde des bonnes pratiques en la matière, avec une politique pro-vélo enclenchée dès les années 70. Si le mouvement s’est depuis quelque peu essoufflé, Strasbourg reste un bon exemple de ville cyclable comparé au reste de notre hexagone, toutes régions confondues, “avec une part modale vélo de 15%”, selon les informations délivrées par la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette (FUB).

Pour Grenoble, la vélorution (ndlr : contraction de vélo et révolution) est plus récente, avec le développement en 2019 du Chronovélo, un “réseau cyclable structurant offrant des itinéraires directs, confortables et sécurisés, afin d’attirer de nouveaux usagers du vélo, le tout au bénéfice d’un meilleur partage de l’espace public et des usagers, tous modes de transports confondus”, comme décrit sur le site de la Métropole. Si l’initiative connait quelques critiques, son exécution reste un premier pas significatif vers une ville pro-vélo.

Allez, on se projette dans la ville cyclable de demain ?
La ville de demain, ce sont les cyclistes qui l’imaginent le mieux. Sur Twitter, les idées fusent sur ce point ! “Les villes en zone 30 avec double sens partout pour les vélos, le passage en sens unique de rues pour l’aménagement de pistes cyclables sur la chaussée libérée”, imagine un internaute, “des points d’eau à disposition et la location gratuite de vélos”, “des M12 bien plus systématiques”, “des parkings sécurisés gratuits et en grand nombre”, “la possibilité de prendre n’importe quel moyen de transport avec son vélo”, demande-t-on également sur le réseau de l’oiseau bleu.

Dans ce futur pro-vélo, des infrastructures facilitatrices et accessibles viennent enchanter les cyclistes : garages à vélos sécurisés et couverts installés dans chaque immeuble d’habitation et aux abords des pistes cyclables, pompes à vélo, jets d’eau pour nettoyer son matériel, distributeurs de rustines et de chambres à air positionnés à intervalles réguliers sur les voies vélo… La ville de demain ne connait que les crevaisons avec le sourire, et l’entraide entre cyclistes débutant.es et aguerri.es.

D’ailleurs, cette entraide et éducation au vélo s’enseignent dès l’école primaire et se poursuivent tout au long du parcours scolaire ! Nos petites têtes blondes (ou rousses, ou brunes… bref, vous avez compris) ont ainsi droit à des cours pratiques de sécurité routière chaque semaine en guise d’éducation physique et sportive, et se voient remettre par leur banque un vélo à l’obtention de leur baccalauréat, quitte à ce qu’il soit de seconde main pour allonger la durée de vie des biclous. Bin oui, un vélo, ce n’est pas gratuit et si l’on veut que tout le monde puisse s’y mettre, le futur doit aussi s’imaginer avec générosité !

En entreprise, la question de l’accueil des cyclistes

Moi, je n’ai pas envie d’arriver au travail tout transpirant”, et on te comprend René, mais à tout problème, sa solution ! Pour éviter à vos collègues de découvrir de bon matin votre odeur corporelle à son apogée, votre employeur peut faire l’acquisition d’une flotte de vélos électriques. Ceci ouvrira par ailleurs l’accès à ce formidable moyen de transport à tout le monde, y compris les moins sportifs d’entre nous, celles et ceux souffrant de douleurs chroniques (jusqu’à un certain niveau, bien entendu) et aux plus petits budgets qui ne pourraient s’offrir d’eux-mêmes un VAE, même avec les aides de l’État à disposition. Dans le futur, l’inclusivité est de mise : des vélos adaptés aux handicaps moteurs sont ainsi financés par l’entreprise et inclus dans la flotte de vélos de fonction.

Maintenant, parlons infrastructures. Sur ce point, votre entreprise peut dès aujourd’hui choisir de vous proposer un lieu d’accueil propice à votre pratique : un garage à vélo sécurisé et abrité, des douches pour vous rafraichir avant votre première réunion matinale et un casier pour déposer vos affaires de vélo. Autant de petites attentions qui éteindront les tracas de vos salarié·es vélotafeur·euses. La venue régulière de spécialistes de la réparation de vélos pourra également être d’une grande aide et permettre l’entretien de la flotte de vélos de l’entreprise pour une meilleure durée de vie de l’équipement. L’entreprise peut même demander à la Ville des arceaux à vélo à poser devant son entrée, montrant ainsi que les cyclistes sont les bienvenu.es. “Cette responsabilité de l’entreprise en tant qu’acteur de la société est sous-éclairé”, explique Stein von Oosteren, “On a trop tendance à se dire « c’est à la mairie d’y penser », alors que c’est à la société aussi d’exprimer ses besoins”.

Dans l’entreprise du futur, les welcome packs sont pensés pour les cyclistes. Nouveau job, nouvelle tenue de vélotaf ! Vous voilà heureux.se propriétaire d’un ensemble complet de vélo comprenant un maillot et un short adaptés aux hautes températures, accompagnés d’une veste imperméable, d’un pantalon de pluie et d’un kit d’entretien pour votre bicyclette. Franchement, ça ne fait pas un peu rêver, tout ça ?

La mixité des moyens de transport au service de l’inclusivité 

Adultes, enfants, personnes âgées, handicapées… En principe, la rue appartient à tout un chacun. Toutefois, lorsque l’on se penche sur la réalité des faits, ce n’est pas franchement le cas. En termes d’accès à la mobilité urbaine, la ville d’aujourd’hui est encore majoritairement favorable aux voitures, qui ont transformé le paysage urbain au détriment des cyclistes et piétons.

► Papy et mamie en milieu hostile
La ville, c’était mieux avant”, et sur ce point, on ne va pas se mentir, pépé et mémé ont bien raison. Désormais traversées de part en part par des routes, des routes et encore des routes, “les villes se sont transformées en autoroutes à 50 km/h pour les automobilistes”, déplore Stein van Oosteren. Pour redonner un souffle de vie au cœur des villes, l’auteur préconise donc de revenir au modèle de la ville des 15 minutes, où nos séniors pourraient alors retrouver leurs commerçants essentiels en moins de 15 minutes à pied ou à vélo depuis leur domicile.

Cela suppose donc de penser la ville pour les piétons et cyclistes avant de le faire pour les voitures. L’impact sur le cadre de vie urbain serait alors plus agréable pour les personnes âgées (et pour tou.tes les habitant.es, plus largement), loin des klaxons et autres embouteillages, puisque les voitures seraient invitées à contourner les centres-villes plutôt que de s’y entasser, dégradant ainsi les conditions de vie des habitant.es.

► Handicap et douleurs chroniques : le maillage urbain mixte en faveur d’une mobilité douce pour tou·tes
On vous en parlait plus haut, mais revenons-y : la mixité des transports et la possibilité de jongler entre ceux-ci est également un maillon essentiel d’une politique inclusive de mobilité urbaine. Que vous ayez un handicap, des douleurs chroniques ou que vous ayez tout simplement la flemme (ça arrive, personne ne juge), le simple fait de pouvoir jongler entre les moyens de transport fait de la voiture un dernier recours, plutôt qu’une option unique. “Il faut pouvoir prendre en compte les personnes qui ne peuvent tout simplement pas prendre le vélo dans l’équation, et ne pas les exclure de la réflexion”, appuie Amandine Richaud-Crambes.

Imaginez : dans la ville de demain, après une journée éreintante, vous devez enfourcher votre vélo pour rentrer chez vous retrouver votre moitié, un plaid et votre série préférée. Problème, vos douleurs chroniques refont des leurs, et vous ne vous voyez pas embarqure sur votre petit bolide mécanique pour 30 min de trajet (ou plus, ou moins, peu importe). Un problème ? Pas de problème, puisque dans la ville cyclable de demain, les moyens de transport actifs sont interchangeables et inclusifs ! Sortez de votre lieu de travail, bicyclette en main, et emmenez-la à bord de votre vélo-tram, une rame (ou deux, ou trois selon les besoins) de tramway dédiée aux cyclistes fatigué.es (ou tout.e autre utilisateur.ice de mobilité active). Dedans, vous y trouverez des espaces dédiés pour y installer votre vélo et reposer votre royal fessier (un siège, hein, pour le massage, il faudra attendre d’être à la maison). Pas de tramway à proximité ? Pas de souci, puisque bus, métro, TER… tous les moyens de transport possèdent ces mêmes installations.

Avec de tels équipements, les personnes en capacité de se déplacer à vélo opteront sûrement pour ce chouette moyen de transport et laisseront les rues à celles qui ne peuvent faire de même. Des navettes électriques peuvent ainsi venir chercher et déposer les personnes en fauteuil roulant ou au handicap moteur ne permettant pas la pratique du vélo, depuis leur domicile jusqu’à leur lieu de travail ou de loisir, en toute fluidité.

► La place des femmes dans l’espace cyclable
Si l’on se dit que demain, toute personne pouvant tenir sur une bicyclette peut se voir offrir un vélo de fonction, encore faut-il que les voies cyclables soient favorables à celles et ceux qui les arpentent. Et sur ce point, les premières pénalisées sont… les femmes. “La révolution à vélo se fera par les femmes”, affirme Stein van Oosteren, “une politique anti-vélo est une politique anti-femmes”. Avant de s’insurger de ces propos, prenons le temps d’en comprendre la source. En matière de déplacements, les femmes restent les principales concernées : courses (alimentaires, pas sur circuit), dépôt des enfants à l’école, réception des bambins à la sortie du travail et tutti quanti. En l’état actuel des choses, les femmes concernées par ces nombreux déplacements peuvent légitimement être rebutées par l’option “vélo”, qu’il soit de fonction ou non.

Qui plus est, côté rapports humains, le florilège d’insultes et de remarques déplacées reçu au cours de mes deux années à vélo et les nombreux témoignages similaires de femmes cyclistes postés sur les réseaux sociaux en attestent également : à vélo non plus, les femmes n’échappent pas au sexisme. “Il faut en parler, pour que ces comportements ne soient plus normalisés”, affirme Stein van Oosteren. N’en dites pas plus ! Ou plutôt, si, parlez-en. En cuissard ou tenue de ville, les femmes à vélo ne demandent qu’à adopter un mode de transport bénéfique pour leur santé et à empreinte carbone moindre. De fait, les insultes et autres désagréments sexistes sont autant de charges supplémentaires qui ralentissent cette chouette initiative.

Pensez à la planète, lâchez-nous les gambettes.

Et si le vélo de fonction devenait la norme ?

Ainsi, s’il venait à se démocratiser (et on l’espère de tout cœur), le vélo de fonction pourrait remodeler les villes telles que nous les connaissons, et refaire battre les centre-villes au rythme des coups de pédale plutôt que des klaxons. Au-delà de la réflexion écologique initiale, c’est une dimension infiniment sociale qui se pose : et si la ville cyclable était avant tout humaine ? 

Val Leroy, journaliste et rédactrice web pour Conseil Sport. Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.

Val

Journaliste - rédactrice web

Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.

De la même autrice :

Aux poids libres, les femmes prennent le pouvoir

Aux poids libres, les femmes prennent le pouvoir

Vous questionnez votre légitimité à vous trouver en ce sacro-saint lieu du biceps développé et du dos dessiné ? Et si vous repreniez le pouvoir ?

Pourquoi on ne croit pas aux régimes

Pourquoi on ne croit pas aux régimes

Promis, on y a longuement réfléchi, mais voilà, c’est dit : les régimes tels qu’on les connaît, nous, on n’y croit pas vraiment (pas du tout, même).

Le sport, allié contre le bore-out

Le sport, allié contre le bore-out

S'ennuyer au travail au point de tomber en dépression, c'est le bore-out. Pour s'en sortir, ils et elles se sont tournés vers le sport.

Tonifier le corps et la confiance en soi grâce au floor work

Tonifier le corps et la confiance en soi grâce au floor work

La pole dance ne se résume pas aux enchaînements sur barre, mais se complète d’un travail au sol : c’est le floor work et le basework !